Quand t'es petit et que tu joues les indiens, tu sais tout de suite que tu t'es fait arnaquer. Au mieux on va te filer une prisonnière à cacher dans ton désert et puis, ils vont arriver, tous ces cow-boys sur leurs chevaux, des Colt et des Winchester plein les bras, la carrure fantasmée de John Wayne, la fraicheur de Gary Cooper au visage ; et c'est la fin, tu as beau courir en tapant sur ta bouche, en faisant, "hou, hou, hou" pour effrayer les nuages, rien n'y fera plus.

Heureusement, il y a ce film - même si je ne pense pas qu'Aldrich l'ait vraiment fait pour réjouir tous les enfants qui jouent des indiens ; la guerre est perdue, les indiens sont parqués, et tout irait bien si Ulzana n'était reparti sur le sentier de la guerre. Quelle guerre ? Une dernière guerre, un élan de violence régénérescente, un sursaut d'orgueil, ou peut être d'espoir, de liberté. De refus de la faiblesse et de l'enfermement.

Finies donc les charges d'indien sur la plaine découverte, face aux fusils des plans, Ulzana ne joue pas selon les règles, il n'attend pas le combat, il n'attend que de tuer. Il n'est pas pressé, il est méticuleux, professionnel, et aussi sale, mais c'est la guerre. Qu'on soit un ou cent sur son chemin rien n'y change. Pour l'arrêter la cavalerie a bien dépêché un détachement, commandé par un petit blondinet à la masse qui a une Bible détraquée dans la tête et autant d'expérience au combat que... moi... Ca s'annoncerait mal s'il n'y avait pour l'accompagner ce vieux et toujours classe Burt Lancaster, spécialiste de Apaches comme John tant d'années auparavant, et un scout, traître à la fière nation apache engagé volontaire dans la cavalerie : soldat. L'indien renégat est parfait, laconique, pertinent, jusqu'à cette scène finale dans les montagnes. J'ai presque envie de vous raconter comment on en est arrivé là.

Film de traque, film de poursuite, hommage amer et violent à la prisonnière du désert, qu'il faudra cependant imaginer sans espoir autre que la mort du dernier de l'autre camp qu'il faut pousser à bout. Meurtre, viol, tortures et exactions en tout genre : que demander de plus à un film au petit matin ? Je ne vois pas non plus ; alors neuf : ça sera une note parfaite pour ce déchainement de haine et de malsains coups bas.

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le 26 juin 2012

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J. Z. D.

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