(Texte "écrit" 30/04/20 puis oublié mais publié 04/01/2021: juste une liste de remarques variées qui feront peut-être plus sens à ceux qui ont vu le film)
Résumé: un couple et leur enfant sont victimes d'une arnaque. La justice étant très lente, prendront-ils leur mal en patience ou en feront-ils (du mal) à leurs voleurs (un couple attendant un enfant)?
Avis: un film très prenant soi-disant tiré d'une histoire vraie. Mais surtout un film très beau et qui, si muet, resterait en mémoire. Même si ses dialogues et musique sont des atouts, sa photographie joue un plus grand rôle et utilise un code couleurs...presque à la Benetton.
Que font des victimes quand elles sont civilisées ou des gens "Trop bons trop cons" diraient certains.
Sont aussi abordés les sujets de la virilité en ville, de jouissance de la violence et d'Orgasme de La Petite Mort.
"Tes problèmes de virilité, c'est dans ta tête."
Je ne sais pas si c'est un hasard mais ils travaillent pour des établissements publics...il est professeur d'Histoire, elle travaille pour le Conservatoire de musique.
Elle l'avait trompé, il était resté.
Elle va devoir voyager en Europe pour fédérer des projets avec ses collègues, il ne savait pas.
Il l'apprend le jour de son anniversaire, où , autre cadeau, sa femme danse avec un ami qui vient juste de confier qu'il rêve de coucher avec deux femmes...
Le prof recommence à voir littéralement rouge car le bellâtre qui danse avec sa femme porte du rouge et le couple de satyres s'enchevêtrent sous deux arbres géants tout rouges aussi.
Ce rouge gicle sur des troncs géants où les ombres dansent: à ce stade, la jalousie du mari rappelle L'enfer de Claude Chabrol.
Remarques variées et films auxquels il me fait penser:
Get out!...my house:
_ Le film rappelle la dispute autour de la maison dans le film et livre 'House of sand and fog'
où "la blanche" pauvre Jennifer Connelly veut récupérer sa maison auprès de l'"iranien" diplômé Ben Kingsley qui se la procure légalement selon lui.
_'The Big Lebowski': l'arnaqueur a la carrure d'un viking barbu souvent habillé comme Jeff Bridges jouant le Dude ou Duder ou El Duderino ou His Dudeness
(aussi une petite racaille en claquettes chaussettes).
Sa femme enceinte fait penser à la femme de mon Woody Allen, Soon-Yi; mariés depuis 25 ans.
(Soon-Yi est la fille adoptive QUE de l'actrice Mia Farrow et du chef d'orchestre André Previn; car "Woody n'a jamais été marié avec Mia; et de tous les adoptés, aucun ne porte son nom; même Ronan Farrow qui était sans doute le fils de Frank Sinatra et qu'elle faisait passer pour celui d'Allen. Farrow, abandonnée par Sinatra et jamais épousée par Allen…" #spécial dédicace à ceux qui n'aiment pas les digressions...mais l'actrice jouant la squatteuse lui ressemblait ^^).
"Qui va à la chasse perd sa place, et quand il revient il y trouve un chien...'de paille' à la Peckinpah":
___Dans Grosse Fatigue, un acteur débordé et fatigué, laisse sa place pour se reposer à son sosie...mais à son retour, les serrures ont aussi changé. Il ne peut plus rentrer chez lui.
Echange de places. Echange de classes.
et de position sociale:
___Dans 'Un fauteuil pour deux' si justement appelé en Anglais, 'Trading Places' de John Landis, le riche blanc Louis Winthorpe, le 3e, joué par Dan Aykroyd
ne peut plus rentrer chez lui car "un gros noir l'a remplacé" (Billy Ray Valentine, joué par Eddie Murphy).
Le temps des Loups:
____ Dans...le Temps du loup de Michael Haneke où Isabelle Huppert et sa famille tentent de rentrer chez eux mais une grosse et/ou enceinte fainéante, et son saoulot de mari mais armé, les ont remplacés et les repoussent.
Mais chez Haneke, c'est un temps de catastrophe où la police et la justice sont absentes
Ici, chez ce Olivier Abbou que je découvre enfin, la police et la justice sont pseudo présentes. Elles ne font presque pas mieux que chez Haneke. Elles arrivent à cacher en apparences leur fragilité. Il y a un déni national de l'état de la justice en France. Les délais sont presque Hanekien.
La Justice est sabotée et ralentie par le manque de moyens.
Lors des élections présidentielles de 2007, tous les programmes annonçaient qu'il fallait "doubler le budget de la justice pour arriver à faire face" et défendre les personnes innocentes.
Ce budget n'a jamais été doublé.
La France est très mauvaise dans le classement des pays et de leur délai de traitement des procédures lancées par des victimes.
La masse de victimes bafouées est un blob pour l'instant sous terrain, un magma qu'une période de Terreur fera sans doute hélas ressortir comme l'Histoire nous l'a appris et comme ce film l'illustre et nous avertie encore.
Le professeur dans cette histoire est victime de cette lenteur et "dysfonctionnement"/trahison.
Trahison et abandon d'autant plus ironique qu'il explique à ses élèves que les droits fondamentaux selon un John Locke sont "la vie, la liberté et la propriété". Qu'ils sont devenus garantis par la Justice: "l'homme en avaient marre de se battre en permanence et s'en sont remis à la société pour assurer leur sécurité. On a échangé la liberté avec la sécurité".
Notre gentil prof se retrouve sans les deux.
___Quand le Joker pénètre dans le musée dans le 1er 'Batman' de Tim Burton et que ses sbires masqués cassent tout: tableaux etc. c'est soft et amusant.
La scène est ici répétée mais en moins drôle: tableaux et sculptures sont cassées mais pas avec la même bonhommie.
Même les droogies d'Orange Mécanique de Stanley Kubrick sont plus soft
Ici le chef de la bande violent et sadique a un tatouage au bras droit qui tendu permet de lire "Friendship"...
Sous son porche éclairé de rouge, à la tête de mort rouge et lui portant son maillot rouge, la couleur de son âme semble instaurée.
Deathless death et ils ont l'air d'hommes des cavernes:
___la femme mariée presque nue voit son mari avec un gros gourdin assommer un méchant. L'Homme de Cro-Ma"gnons" semble réveiller en elle son admiration pour lui...la caméra reste sur son visage... on dirait des sauvages.
Cette scène est suivie par le générique de fin qui est sur un long Orgasme: la petite mort.
___Il se voit dans sa victime au sol: son double. Il est devenu lui. Il l'avait en lui.
"Ben , voilà, t'as récupéré...ta maison"
Chaque homme a un talon d'Achille…:
___L'homme à la machette: la machette, c'est comme le golf, ou le vélo...ça revient vite?
Des scènes de courses à pieds: secouées, comme lui...
_la dernière course à pieds est magnifique ; le personnage s'est perdu, les écailles viennent de lui tomber des yeux et c'est presque visuel...des couches de lui qui semblaient récentes et supplémentaires comme le Venom semblent le quitter enfin à chaque pas de course...
et il semble se recentrer et retrouver le focus clair sur lui et qui il est...comme s'il était un précipité chimique qui avait été agité par son guru et que désormais son système est revenu à l'état d'équilibre.
La scène est admirablement plus claire que ces mots par le réalisateur et son montage et les effets d'images lors de cette dernière course.
"Ne fuis pas la peur. Embrasse la. Savoure la" susurre le Brad Pitt du camping , chef d'un gang pseudo Fight Club (plutôt Mad Max que Fight Club, vu le nombre qu'ils se mettent à cogner un seul homme au sol).
Lame duck et se rencontrer son double??:
__une scène sans doute un peu accidentelle mais qui s'est enrichie à mes yeux par ça, est lorsqu'au bord de l'eau, il téléphone à ses fournisseurs et il découvre que le nom sur les factures a changé. Il découvre qu'il est impuissant juridiquement, qu'il est sans pouvoir.
En anglais, les "canards boiteux" (lame duck) sont des hommes battus mais parfois dans l'espoir d'obtenir un poste.
L'excellent Adama Niane partage justement la scène à ce moment avec plein de petits canards qui le rejoignent. Il a l'air encore plus con, désarmé et impuissant.
Sur ce bout de pelouse verte, portant de son bras droit le téléphone à son oreille, il ressemble aussi à la figurine de jardin qu'il va croiser et sans doute s'en reconnaître un peu.
Sur un bout de pelouse verte, il croise une figurine de jardin, Un enfant noir en chapeau de pailles portant de son bras droit à son oreille un régime de bananes encore plus gros que sa tête.
C'est un de ces Blackface désormais combattus.
A la place d'un nain de jardin, canard ou lapin.
Son premier acte de désobéissance civile est de jeter à l'eau ce double.
Le guru en est témoin et apparemment se lie d'amitié avec lui.
Lui aussi est un pseudo Henry David Thoreau qui saisira cette occasion pour lui exposer sa vision de la société et de son idée de 'Désobéissance civile'.
Le prof ne s'en rend pas compte de suite, mais ce que lui dit Mickey (Paul Hamy: "Tu veux être une victime") sous ce porche ne vole pas plus haut que ce que lui dit en classe son élève Kevin ( [Christopher Fataki]: "vous êtes raciste, tout le monde le sait, vous êtes un Bounty."17) .
Paul Hamy est très crédible en pousse-au-crime.
Ce guru voyou représente le genre à prospérer sur le malheur des autres, à le manipuler et détourner à son avantage.
Selon ce possible suppôt de Patrick Boucheron^^, le moment "le plus marquant de l'histoire", serait "quand un volcan à Sumatra a explosé" il y a des millions d'années et détruit presque tous les hommes sauf quelques milliers de survivants
"dont nous sommes tous descendants , ce qui nous lie".
Son fils les vise avec son arme: on voit la scène de son point de vue; façon POV à la Doom avec comme cible la maman et le papa.
Tel père, tel fils?...