Une bonne idée pour quelques frayeurs dans le monde de Oui Oui des soirées de Noël, mais en fermant bien les portes d'entrée, on ne sait jamais.
Car confronté à l'espèce humaine dans ce qu'elle a de plus rebutant ne nous rabibochera pas avec les bipèdes. On évitera alors de prêter sa maison, ou on choisira la même méthode en retour. On évitera aussi de s'acoquiner avec une bande de rednecks dégénérés, aux activités illicites et aux pratiques violentes, ou de prendre diverses drogues pouvant altérer la réflexion.
Ce que ne fera donc pas Paul... Mais on retrouve avec plaisir Adama Niane dans un jeu qui le sort enfin des seconds rôles de série, après son excellente performance dans SK1 et si rare pourtant aujourd'hui.
Une bonne surprise donc pour ce thriller psychotique qui puise évidemment dans les codes du genre, peu prolifique en France depuis le film Ils. Quelques belles fulgurances et une direction inattendue évitant les zones de confort de l'horrifique acté aux jumpscares attendus, pour se diriger dans un portrait psychologique d'un homme soumis à la violence ordinaire. La faiblesse et l'inaction soumises aux codes sociétaux questionnent de manière radicale la survie tant physique que mentale.
O.Abbou interroge la place de l'homme au sein de sa famille et dans la société d'aujourd'hui et par son héros noir, l'identité et le racisme primaire. La perte de la maison vient alors balayer tous ses repères de réussite sociale et d'héritage, accentuant une crise existentielle déjà à l'œuvre.
Si on retrouve toujours la patte française et le verbe haut, les crises de couple et les relations extra conjugales censées guérir tous les maux, on apprécie le parti pris d'une certaine lenteur d'exécution à la tension palpable et au suspense réussi, ménageant ses effets, soignant sa musique et ses jeux de lumières qui épousent parfaitement le cheminement chaotique de Paul.
Si la première partie permet de poser les enjeux face à une administration pesante on est loin de l'humour évoqué de Vivre d'Akira Kurosawa, mettant en scène les allers retours incessants d'administrés, en attente de réponse... la question étant éludée assez rapidement.
Et c'est à partir de la seconde partie, notamment lorsque Paul dérive dans un entre deux poussant ses limites et se laissant submerger par l'emprise du groupe, que se prépare un final propre aux excès jouissifs du genre. La violence contenue jusque là agira comme un exutoire pour un final décomplexé.
Olivier Abbou signe un film marquant par tout ce qu'il convoque de notre société. Une descente aux enfers au soupçon kafkaïen, qui questionne sur notre propension à la violence.