Deuxième film de SF dans les salles en 2024 à nous laisser des grains de sable plein les cheveux après "Dune 2", "Furiosa: A Mad Max Saga" vient rappeler à tout le monde que le roi du désert post-apocalyptique reste et restera George Miller. Indétrônable et unique en son genre, le réalisateur âgé de 79 ans nous assène à nouveau une claque comme on en voit rarement sur grand écran, reprenant le personnage de Furiosa jouée par Charlize Theron dans le film précédent pour en raconter la genèse dans une épopée de vengeance furieuse, démente, immortelle et à laquelle vont se mêler des piliers incontournables du Wasteland avec les effluves de sang, de métal, de sueur et de crasse soulevées dans leur sillage.
Et le résultat est une fois de plus incroyable, détournant des figures mythiques pour les modeler dans le bestiaire toujours plus grandissant de ce futur barbare, où la destinée brisée d'une fillette se mêle à la quête désespérée d'un jardin d'Eden rêvé par tous, où la soif de revanche de la femme qu'elle est devenue devient peu à peu la clé de voûte d'une guerre des clans impitoyable, où le danger permanent de ce monde chaotique décuple la moindre de ses émotions véhiculées via des jeux de regards à l'intensité terrassante, où l'attaque d'un convoi routier devient tout bonnement LA séquence d'action la plus dingue de l'année -on peut l'affirmer, rien ne pourra battre ça- nous laissant un sourire béat d'admiration devant la folie perpétuelle de sa mise en scène et des idées qui nous y maintiennent dans un état de fascination totale (toute l'approche du film en lui-même y est d'ailleurs condensée, faisant passer Furiosa d'un rôle de pion à la pièce maîtresse de cette phase), où l'on se retrouve aspiré par la puissance d'une relation inattendue devenue l'unique refuge de lumière dans la dépravation ambiante, où les épreuves forgent l'âme et le corps mutilés de celle qui deviendra la guerrière amazone croisant la route d'un certain Max... Bref, où "Furiosa" pulvérise tout simplement tout ce qui a pu se faire en termes d'univers post-apo enragé depuis... eh bien... depuis "Mad Max: Fury Road" tout simplement.
L'impression à la sortie est effectivement la même que notre dernière visite dans le Wasteland: on en sort sonné, entendant encore au loin le souffle des tempêtes de sable, les moteurs vrombrissants des montures en métal en tout genre, les rires de leurs propriétaires dégénérés, les diatribes égocentriques d'un Chris "Dementus" Hemsworth devenu la némésis à abattre pour soulager une souffrance qui ne peut plus l'être ou encore le souffle rauque d'un Immortan Joe maître de sa Citadelle au milieu de ses rejetons congénitaux. Au-delà de ses mots, rares mais essentiels, il nous reste encore plus que tout à l'esprit ces regards -bon sang, ces regards !- d'une Anya "Furiosa" Taylor Joy possédée par les flammes de la rage et de la détermination de son héroïne en lieu et place des étincelles d'espoir qui s'y éteignent.
Évidemment, on pourrait tiquer sur certains fonds verts à la qualité parfois aléatoire mais tout cela est balayé, vaporisé par ce sentiment que seul Miller peut nous offrir un sommet de cinéma pareil. On arrêtera d'ailleurs ici notre dithyrambe, les mots ne suffisent pas pour décrire un tel spectacle, il faut le voir par soi-même. Courez découvrir la furie "Furiosa".