La puissance de la nature dans la paume de ma main

Après avoir subjugué l'industrie hollywoodienne avec son époustouflant Fury Road, Miller décide de s'éloigner de Max pour développer l'histoire de Furiosa, avec Anya Taylor Joy dans le rôle de l'intéressée.

Un spin-off qui prend donc d'abord le parti de développer le Wasteland et les conflits qui donnent vie à ce désert d'humanité et qui, finalement, continue ce que Miller fait depuis le début.

Mad Max était le catalyseur de l'intrigue certes, celui par qui nous pouvions découvrir ce monde dystopique fascinant et constater son évolution d'un opus à l'autre, mais Miller prouve ici qu'il n'est pas forcément indispensable, tant le lore qu'il ne cesse de développer est génial.

Ce n'est plus la quête d'un seul protagoniste dans ce monde de fou, mais la quête de fous qui s'en sont donnés les moyens dans ce monde encore plus fou.

Max, Furiosa, Dementus... C'est la folie destructrice de l'humain qui leur a ôté quelque chose, reste à savoir ce qu'ils parviennent ensuite à en garder. Max se cherchait, Dementus s'était perdu, Furiosa serait peut-être la boussole.

Une boussole aussi mutique que Max, et dont le charisme est permis grâce au jeu en intensité d'ATJ. Elle et Chris Hemsworth sont deux ajouts bienvenus - j'apprécie son cabotinage pour ma part, puis sérieux on parle de Mad Max quoi : c'est littéralement gravé dans l'ADN de la saga.

Et malgré mes craintes, j'ai apprécié de retrouver des têtes familières de Fury Road.

Les scènes d'actions sont, une fois de plus, incroyables et nombreuses. C'est fou de se dire que malgré le setup, aucune ne se ressemblent et font de trop, et on sent la montée en puissance des enjeux.

Malheureusement, on se mange un étrange mur aux trois quart pour abréger la fin et rapidement conclure l'intrigue, comme si Miller ne voulait pas/pouvait pas développer davantage sans risquer de faire un film de 5h. Et c'est bien dommage car tout ce build up retombe instantanément, et si la conclusion à tout cela me convient malgré tout, il manque un je ne sais quoi qui rendrait le tout vraiment incroyable et satisfaisant.

On sent bien le côté "saga", un Dirt Opera qui se concentre le temps d'une histoire sur une personne en particulier pour nous permettre de profiter du lore, et qui le fait avec générosité.

J'ai occasionnellement eu des soucis sur le plan visuel : par moments ça ne semblait vraiment mais alors, vraiment pas peaufiné. Vu la démesure des séquences faut pas exagérer non plus, mais ça méritait tout de même d'être souligné.

In fine, Miller nous prouve qu'il sait toujours donner vie à sa création phare, et il le fait avec énormément de panache. Il nous rappelle également que Max n'a jamais été le "vrai" protagoniste de son histoire : c'est le Wasteland. Ce merveilleux, fascinant, malaisant, horrible et terrifiant Wasteland.

Il y a un plaisir absolument pas dissimulé à déconnecter de ma réalité pour plonger corps et âme dans cet étrange futur de l'impossible et du probable, comme un bref saut dans une autre dimension pour voir en quoi l'humanité peut se transformer s'il laisse libre court à ses instincts les plus basiques.

Et quel saut, encore un autre George !