J'ai vu passer une demande d'avis ou deux sur les réseaux sociaux, alors pourquoi pas en parler encore un peu? Qui sait, il est peut être encore possible de convaincre des gens à aller le voir avant son retrait des salles.
Suis-je biaisé par rapport à la saga Mad Max? Probablement. C'est somme toute normal tant la série a irrigué l'imaginaire du genre Post Apocalyptique, particulièrement affectionné par mes soins par ailleurs . Bref, je vais défendre mon bout de viande salement. SOYEZ TÉMOIN !
Tranchons directement dans le vif en osant la comparaison sacro-sainte avec l'égérie du V8 : Mad Max Fury Road. A part un monde en commun, ils n'ont rien à voir. Et tant mieux.
Je ne suis pas dans la tête de George Miller mais ce gars est un auteur et il n'est pas dans son intention de se répéter. Fury Road est un bijoux, pratiquement parfait dans sa proposition donc on le laisse tranquille et on cherche à se diriger vers une autre approche des Terres Désolées.
Alors oui, le rythme est différent, presque bâtard, avec une découpe en chapitre et des fondus aux noirs (BEAUCOUP de fondus au noir). Cependant, il fonctionne car comme dans tout Mad Max, nous suivons un narrateur qui sert de conteur et qui est donc limité par ses propres connaissances pour dépeindre l'Histoire devant nos yeux.
Choix génial par ailleurs car il permet de jouer avec la notion de Mythes et Légendes, label accolé aux personnages hors normes de cet univers. Cet angle permet aussi de laisser du MYSTÈRE aux spectateurs quant à la véracité des faits, point important souvent négligé par les productions actuelles. Plusieurs fois des faits inexacts sont prononcées où des versions alternatives sont mises en images.
Dans tous les cas, on ne s'ennuie pas une seconde même si ça n'est pas le tunnel d'action aussi frénétique de son aîné.
Alors parlons en de l'action. La bande annonce de Deadpool x Wolverine est passée juste avant la séance. Ahah. Ces gars là ne font pas le même métier.
Furiosa enterre, je dis bien ENTERRE, tout ce qui est sorti depuis Fury Road avec sa seule scène d'attaque du convoi de guerre. Alors si tu ajoutes le reste... Oui OK, on reparlera plus tard des effets spéciaux car c'est vrai, ces derniers ne sont pas parfaits. Néanmoins, l'essence, le plus important est là, je parle bien de l'inventivité.
C'est des MALADES ! Des putains de MALADES. George Miller n'est pas tout seul (une équipe technique et artistique, ça compte) mais penser à des choses comme ça à son âge, ça devrait être interdit. Il veut atteindre la Maestria de Fury Road sur une séquence pour rappeler qui est le patron ? Bah ils y arrivent. Impossible de desserrer les points tellement ça part dans tous les sens avec des mouvements et cadrages complétement fous.
Et le reste du film demeure de très bonne facture dans ses propositions d'action : la poursuite en moto du début, l'arrivée du convoi au Moulin à Balles (ce plan avec la grille et le lance flamme, très très SHINY & CHROME), la traque finale dans un style plus ténu.
Allez encore quelques mots au niveau visuel : des compositions léchées, un travail des couleurs toujours présent, du mouvement, beaucoup de mouvements et ces fameuses cascades : pour certaines encore réelles, d'autres teintées de ces effets spéciaux qui divisent.
Si l'on en croit les entretiens presses, non seulement George Miller ne souhaite plus mettre autant en danger les cascadeurs (tu m'étonnes !) mais en plus ils avaient des propositions tout simplement trop folles pour être réalisées en dur, même pour George Miller.
De même, le changement de Directeur de la Photo (car oui l'image, elle est faite par ce bonhomme et son équipe, même s'ils sont au service de la vision du réalisateur) va aussi dans ce sens. Simon Duggan est un DP au rendu très artificiel, qui se rapproche d'une esthétique CGI. Personnellement, j'apprécie plutôt, surtout dans Furiosa, mais cela dépend des ressentis. Enfin, oui certaines incrustations ne sont pas parfaites et je n'irais pas invoquer des souhaits de réalisation. Pour quelles raisons? L'équipe des VFXs a du manquer de budget ou de temps, voir les deux, rien d'autre.
On enchaine sur les acteurs. Les têtes déjà connues font un travail admirable (Immortan Joe, le Mange Personne, le Meunier, les fils de Joe...) et pour les nouveaux, mention spécial au prétorien Jack (Tom Burke), véritable reliquat de Max.
Pour Furiosa, Anna Taylor Joy est plus fragile physiquement par rapport à Charlize Theron mais elle compense avec une agilité féline et une façon de se mouvoir en adéquation avec son avatar. Mais surtout abordons le cas des nouveaux antagonistes.
La plupart des films galère à t'en proposer un seul viable. A chaque Mad Max, tu en as une pelletée. Tous les lieutenants de Dementus laissent une empreinte, l'Octoboss en tête. Et leur patron? Bah la grande classe ! Complétement fou mais pas stupide, l'incarnation de Chris Hemsworth est plus que convaincante avec certaines répliques et choix vraiment mémorables. On atteint un niveau de cruauté dans Furiosa qui n'a jamais été aussi élevé et on parle quand même de la saga Mad Max... Sa fin est d'ailleurs un autre moment de bravoure du film.
L'univers sonore est plus qu'au niveau. Que ça soit au niveau de la mécanique ou des armes (plus présentes que dans Fury Road), c'est de la musique pour les oreilles. Par rapport à son aîné de 2015, certes la bande Son en elle-même n'évolue pas vraiment même si c'est toujours autant efficace.
Bon je termine par la direction artistique. Sans surprise, on navigue dans le niveau cosmique. Ils bossent depuis vingt ans dessus et vont de plus en plus loin avec de véhicules juste hors norme. Oui, le nouveau Convoi de Guerre, c'est l'aboutissement ultime avec des concepts dingues (la Méga-masse...) mais tout le reste est génial, d'aussi bonne facture. lls ont utilisé 4000 motos pour certains plans. Bordel, 4000 motos ! C'est des chiffres tout droit sortis du passé au niveau Cinéma, plus personne ne fait ça. Le coup des cerfs-volants, du génie...
La diversité des lieux et leur architecture fait le boulot sinon. Certains extras font froids dans le dos, la vieille bique éleveuse de vers m'a fait bien répugné...
Enfin pour le scénario, on est sur du classique mais avec beaucoup de références artistiques, bibliques et historiques. De fait, le réalisateur s'autorise une représentation poussé de l'Empire Romain tout au long du film et on touche à cette notion de cycles et d'erreurs répétées tout au long de l'existence de notre espèce.
Le sous-texte est toujours primordial dans les films de Miller et cette fois-ci, il vient questionner la véracité de l'information, la notion de transmission, d'espoir, de deuil et de hiérarchie dans les groupes humains. La pertinence du langage et la connaissance est soulignée plusieurs fois avec les diatribes des hommes histoires et l'incompréhension de personnages moins lettrés.
Les relations entre les personnages fonctionnent parfaitement et sur ce point, surpasse Fury Road où seul le duo Hardy / Theron parvenait à exister.
Bon voilà j'arrive au bout. En deux mots, allez le voir au cinéma, c'est une proposition rare.
Des films comme ça ils n'en existent plus beaucoup. Et ça se voit en salle pour en prendre pleins la tête. Le plus grand écran possible avec le meilleur système son, rien d'autre. En plus, il n'attire pas les foules donc vous allez être pépère, comme à la maison !
Pour vous donner un axe de comparaison, j'apprécie le travail de Villeneuve mais son Dune à côté, c'est tellement fade malgré de meilleurs effets spéciaux et une photographie clinique. Les autres Block Busters ? Allez allez, ils rentrent à la niche, bien gentiment.
Hop, hop, hop, on va voir Furiosa s'il vous plait !