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"Auras-tu ce qu'il faut pour devenir un mythe ?" (spoiler : non)

Ça y est, près d'une décennie après son remarquable «Fury Road» (sans aucun doute l'un des blockbusters les plus qualitatifs et immersifs qu'il m'ait été donné de voir en salles), George Miller nous revient enfin avec ce très attendu préquel, présenté lui aussi en avant-première mondiale à Cannes.


Centré sur la jeunesse de Furiosa (incarnée dans le précédent volet par Charlize Theron), son ascension et sa soif de vengeance, ce nouveau film, chapitré, se veut à la fois être dans la continuité de ce qu'à mis en place «Fury Road» tout en étant en rupture avec celui-ci, notamment de par sa narration temporelle et ce rendu BD/comics qu'il semble pousser ici à son extrême.


Et malheureusement, contrairement à certains retours dithyrambiques que j'ai pu lire ici ou là, je suis beaucoup plus mitigé au sortir du visionnage de ce «Furiosa».


Alors oui, en terme de mise en scène pure, Miller assure toujours autant, sachant où et quand placer sa caméra pour obtenir le meilleur plan possible et être au plus près de l'action à chaque fois (les séquences de l'attaque du camion-citerne et du guet-apens dans les mines en sont de très bonnes illustrations), y interrogeant, comme dans les autres volets de la saga, l'écriture du mouvement à l'écran. À près de 80 ans, il en a encore sous le capot et prouve une nouvelle fois qu'il peut rivaliser avec les films d'action actuels.


Quant à l'univers et sa mythologie, Miller continue de l'explorer et de l'étendre, voulant donner une dimension plus opératique à l'ensemble, à cette odyssée au millieu de nulle part, à cette guerre sans fin, et cela en y introduisant de nouveaux décors et de nouveaux personnages, tout en reconvoquant certaines têtes bien connues, au croisement entre passé et présent (à l'image de son générique final, se reconnectant avec «Fury Road»).


Et pourtant, malgré ces qualités-là, quelque chose ne prend pas sur moi. L'immersion, objectif évident de cette nouvelle fresque motorisée, a bien du mal à marcher.


La faute peut-être à une narration au rythme assez désaccordé (là où son prédécesseur allait à l'essentiel avec une intrigue très resserrée et efficace, «Furiosa» déroule son récit sur plusieurs années, jouant avec les temporalités, longues ou courtes, et les fondus au noir).

Les premières 45 minutes en sont un bon exemple, avec cette introduction qui s'étire et a bien du mal à démarrer. C'est quand les dilemmes sont posés (et qu'un pacte est conclu entre 2 partis) que le film commence à devenir plus intéressant et plus rythmé. Tout cela pour se terminer par un climax qui n'en est pas vraiment un, et là aussi c'est bien dommage.


Et l'autre élément, non négligeable, qui a plutôt desservi mon immersion vis-à-vis du film (que je redoutais un peu depuis le visionnage de la première bande-annonce et qui se confirme ici) : son aspect trop artificiel, avec ses trop nombreux décors et éléments (et chiens !) numériques.

Au lieu de sentir l'huile de moteur, le sable et la chaleur comme il le devrait, le film sent trop souvent le factice, le virtuel. Et comme d'habitude quand il y a trop de SFX dans un film, on finit par ne plus trop croire à ce qu'il peut se passer à l'écran et à se détacher de ce que les protagonistes y vivent et subissent.

Certains adhéreront sans doute à ce look très comics (certains plans m'ont d'ailleurs un peu rappelé le «300» de Miller/Snyder), mais personnellement, ça ne colle pas vraiment avec la vision que j'ai de cette saga mécanique.


Du côté de l'interprétation, Anya Taylor-Joy incarne la jeune Furiosa avec conviction et badassitude, faisant passer ses émotions par son regard intense, et son alchimie avec Tom Burke passe plutôt bien.

Quant à Chris Hemsworth, il s'en sort plutôt pas mal dans le rôle de l'antagoniste Dementus, en en faisant des tonnes sans que cela ne paraisse trop lourd (la plupart du temps en tous cas), même si celui-ci s'avère moins marquant qu'un certain Immortan Joe.


Bref, une œuvre très bien réalisée et dotée d'un bon casting, mais clairement en-deçà de ce que je pouvais en espérer dans sa globalité. Un film un peu trop étiré pour ce qu'il a à nous raconter, trop lisse dans son rendu visuel, et finalement pas aussi impactant que je l'aurai pensé.


Malgré ses points positifs (et il y en a), ce «Furiosa» sonne trop artificiel à mes yeux, et est un gros cran en-dessous de ce que l'excellent «Fury Road» avait pu me procurer sur grand écran en terme de rythme, d'immersion et de sensations pures. 6,5/10.

Raphoucinevore
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le 22 mai 2024

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Raphoucinévore

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