La Seconde Guerre Mondiale avec des rayons laser et des nazis abrutis
Un bon film sur la Seconde Guerre Mondiale, ça faisait combien de temps déjà? Assez longtemps.
Malheureusement, il va encore falloir attendre pour trouver un digne successeur au Soldat Ryan.
Après le navet "Sabotage", David Ayer revient aux affaires cette fois dans le genre film de guerre.
Fury nous propulse donc au coeur d'une unité de blindé de l'US Navy, envoyée sur le front allemand en 1945, dans une guerre qui tarde à prendre fin.
A priori un bon pitch de départ donc, sauf que le film souffle trop régulièrement le chaud et le froid.
D'un côté, des scènes d'actions et des batailles de chars plutôt réussies (on se demandera juste pourquoi ces derniers tirent des rayons laser rouges et bleus, un hommage caché à George Lucas?). On sent chez David Ayer un soucis du réalisme et une volonté de transmettre au spectateur toute la violence et l'intensité dans la reconstitution de ces scènes.
D'un autre côté, une quasi absence de scénario et de narration digne de ce nom. Suivre les aventures d'un groupe d'hommes au coeur de cette guerre, ok, mais quand on ne sait pratiquement rien des personnages, de leur histoire et des enjeux réels, tout tombe à plat. La seule mission de nos hommes consistera à protéger un carrefour, sans plus de précision. Ok...
Sans parler des clichés omniprésents : le jeune bleu chahuté par ses pairs avant de devenir un héros, la grosse brute sans coeur, le religieux, le badass chef d'escouade, tout y passe ou presque. Le réalisateur aurait eu un cahier des charges à cocher méthodiquement qu'il ne s'y serait pas pris autrement.
On passera sur le pro-américanisme et la morale religieuse dégoulinante.
Mais Fury, ce n'est pas que des scènes d'actions. C'est aussi quelques scènes plus posées, poignantes (ou du moins sensées l'être) sur l'horreur de cette guerre. Malheureusement, ces scènes sont, il faut le dire, plutôt ratées dans leur majorité. Entre des longueurs et des dialogues la plupart du temps horriblement plat (dont le propos se résume pour l'essentiel à "Dieu est avec nous"), le réalisateur peine vraiment à transmettre des émotions au spectateur et à l'impliquer dans cette guerre et cette histoire.
Là où la grande force du Soldat Ryan était de proposer un film de guerre relativement sobre et efficace sans trop sombrer dans le pathos, Fury en fait clairement trop. On a l'impression que le réalisateur n'assume pas de faire un film à l'aspect grand spectacle, et tente continuellement de se justifier à coups de séquences sensées démontrées l'horreur et la bêtise de la guerre, mais qui au final ne font que justifier un peu plus cette dernière.
Alors si le fond ne suit pas, qu'en est-il de la forme? Fury reste un film d'action efficace, avec des scènes bien filmées, bien rythmées et plutôt réalistes.
On se dit alors que finalement, on a passé un moment pas si désagréable.
Puis vient la fin.... et là, c'est un peu le drame. Comme si tous les efforts de réalisme du réalisateur s'étaient envolés en un clin d'oeil.
Une fin rocambolesque (sans spoiler), sorte de mixe entre Expendables et Rambo, qui tranche complètement avec le reste des scènes d'actions du film, plutôt réalistes. On savait que les nazis étaient méchants, Fury nous apprends aussi qu'ils n'étaient pas dotés de cerveau.
Un film vite vu, vite oublié donc, dont en retiendra essentiellement les 2-3 scènes d'actions réussies. Malheureusement, ça ne suffit pas pour faire un bon film de 2H.