Il faut sauver le tank du soldat Ryan

En 1998, j'étais ressorti de la projection de Il faut sauver le soldat Ryan avec l'impression d'avoir pris un coup de gourdin sur la trogne. C'est donc avec grand intérêt que j'ai vu débarquer Fury, l'an passé, qui me promettait de me conter le combat pour la libération de l'Europe aux côtés de l'équipage du Fury, un Sherman de l'armée américaine.


Toute la première partie en met plein la vue : à la manière du film de Spielberg avec lequel la comparaison est inévitable, Fury nous plonge la face bien profond dans la fange avec ses soldats démembrés, ses morts par milliers et sa misère palpable. L'Europe est à feu et à sang et on frémit pour ces soldats.


Puis vient le premier point de rupture : les soldats libèrent un village et, au détour d'un dîner avec deux charmantes allemandes, on creuse la psychologie des personnages. Et on tombe tout à coup des deux pieds dans les vieux clichés. Nous avons donc le gentil chef qui a autorité sur ses hommes, le religieux qui citent des versets de la Bible pour nous faire comprendre que la mission libératoire des amerloques fait partie de la volonté de Dieu... OK. Nous avons un boulet sorti de son Texas qui ne pense qu'à flinguer et passer les allemandes à la casserole. On a aussi en stock le trublion de la bande (mexicain comme il se doit) et le bleu qui n'a jamais vu les horreurs de la guerre. OK. Les soldats américains étaient épuisés par des batailles qui s'éternisaient et ils était à bout psychologiquement. C'est plus le traitement qui est fait de la chose qui est dérangeant. D'abord parce qu'on voit venir le drame à trois bornes. Ensuite parce que, pour qui a vu des films de guerre un peu sérieux, il n'y a rien de nouveau sous le soleil.


Enfin, nos amis repartent pour ce qui sera, on s'en doute, leur dernière mission. Et là, deuxième point de rupture. Acculé par un bataillon de soldats SS, les cinq hommes, main dans la main, défouraillent du soldat allemand à la pelle. Même les scénaristes de James Bond n'auraient pas osé faire une chose pareille. Entre les soldats SS qui tirent sur un char avec des armes automatiques et les autres qui courent comme des idiots à découvert pendant que des mitrailleuses les fauchent, normal que les allemands aient perdu la guerre !


Au final, j'ai l'impression d'écrire une critique bien négative alors pourquoi sept étoiles ? Tout simplement parce que, aussi grosses que soient les ficelles, c'est efficace. Les acteurs font le taf, Brad Pitt est plus charismatique que jamais, on en prend plein la face et on ne s'ennuie pas une seule seconde. Il convient donc de ne pas cracher dans la soupe.

oderrez
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le 22 août 2015

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