Memoir of Colours
Claque esthétique et surtout chromatique, Gabbeh compte parmi les films les plus connus en Occident du réalisateur iranien Mohsen Makhmalbaf aux côtés du Cycliste et de La Pomme. Le cinéaste, d’une...
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le 15 juin 2021
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Claque esthétique et surtout chromatique, Gabbeh compte parmi les films les plus connus en Occident du réalisateur iranien Mohsen Makhmalbaf aux côtés du Cycliste et de La Pomme. Le cinéaste, d’une génération plus jeune que Kiarostami duquel il fut cependant le contemporain en création (il joue même le rôle du réalisateur usurpé dans Close-Up), a développé au fil de ses films une poétique bien à lui, qui n’est pas sans rappeler celle de Paradjanov en URSS une trentaine d’années auparavant.
La confusion permanente entre réalité et fiction donne à l’histoire une tonalité de conte populaire, dont l’ancrage dans la ruralité nomade de l’Iran accentue d’autant plus les échos. Un vieux couple lave son gabbeh (tapis traditionnel persan) dans un ruisseau. Au contact de l’eau, une jeune fille leur apparaît et leur narre son histoire. Celle-ci se déroule littéralement sous les yeux des vieillards, qui n’ont qu’à tourner la tête pour observer les différentes scènes que la jeune fille leur décrit.
Le travail sur le champ-contrechamp est central dans Gabbeh puisqu’il permet à Makhmalbaf de déployer toute sa créativité visuelle et poétique. Ainsi lorsqu’un homme, immobile devant un tableau noir, tend la main vers un champ de coquelicots et en retire instantanément au plan d’après un somptueux bouquet de fleurs ; ou, lorsqu’il tend la main vers le ciel puis la redescend, découvrant alors celle-ci toute peinte de bleu.
Cette poésie très prononcée est soutenue par un splendide travail sur les couleurs, qu’une caméra expertement calibrée vient rehausser de la plus belle des façons. La mise en scène du réalisateur iranien s’attache avec un regard quasi documentaire à rendre honneur aux traditions textiles des tribus nomades iraniennes, à la beauté des visages bruts des femmes et aux sentiments simples qui animent les hommes. Société tribale, certes fortement patriarcale mais de laquelle se dégage un réel humanisme, une vraie fraternité.
Le film ne dure qu’1h 15 mais c’est amplement suffisant tant le sujet du scénario s’épuise rapidement à mesure que les plans défilent et que la narration, heurtée et parfois obscure, perd progressivement de sa saveur onirique. Un beau moment qui n’est pas non plus inoubliable, hormis pour son esthétique tout à fait remarquable.
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le 15 juin 2021
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