Gabriel et son égo
Gabriel et la montagne peint avec justesse la soif absolue d’authenticité du jeune étudiant backpacker fauché des années 2010 qui, persuadé d’inventer une nouvelle manière de de s’immerger dans un...
le 4 sept. 2017
14 j'aime
4
Gabriel e a Montanha emprunte, pour l’essentiel de son geste artistique, à deux cinéastes allemands s’étant aventurés au-delà de leur pays d’origine : d’un côté, Werner Herzog, le personnage de Gabriel réactualisant ce goût pour la démesure d’un individu égaré entre son origine sociale et le regard sur le monde qu’elle conditionne en partie, ses projets pharaoniques qui l’engagent sur le chemin de l’inconnu non sans narcissisme, sa folie intrinsèque enfin qui le change en un marginal que tout le monde observe avec étrangeté comme lui-même regarde ses semblables avec curiosité. D’un autre côté, Wim Wenders et son goût pour la dématérialisation du récit, pour la forme du road trip ponctuée de rencontres improbables et marquantes.
Le réalisateur Fellipe Gamarano Barbosa confond habilement ces deux influences de sorte à composer une œuvre singulière et autonome, teintée d’une mélancolie douce correspondant à la dimension biographique du long métrage – puisqu’il rend hommage à l’un de ses amis proches, disparu dans des conditions similaires. La construction par prolepse, révélant la clausule en ouverture, fait planer sur l’odyssée africaine l’ombre de la mort tel un esprit venu hanter tout à la fois le spectateur et le protagoniste principal, Gabriel jouant avec le feu en permanence. Il s’agit alors d’une marche en direction de soi brutalement raccordé à la nature et à la petitesse qu’elle lui impose : le microcosme rejoint le macrocosme, les paysages gagnent l’écran et écrasent celui qui les arpente imprudemment. Soit la vision nietzschéenne de la nature qui tour à tour inspire l’artiste et terrifie l’humain. Un grand film magnifiquement photographié et interprété.
Créée
le 13 oct. 2024
Critique lue 3 fois
D'autres avis sur Gabriel et la montagne
Gabriel et la montagne peint avec justesse la soif absolue d’authenticité du jeune étudiant backpacker fauché des années 2010 qui, persuadé d’inventer une nouvelle manière de de s’immerger dans un...
le 4 sept. 2017
14 j'aime
4
Malgré un réalisateur brésilo-français et une action qui se déroule successivement au Kenya, en Tanzanie, en Zambie et au Malawi, Gabriel et la Montagne n'est pas forcément un film très original par...
Par
le 30 août 2017
10 j'aime
1
Pour son deuxième long-métrage doublement primé à la Semaine de la Critique de Cannes 2017, le réalisateur brésilien Felippe Barbosa nous dévoile le parcours atypique de son ami d’enfance Gabriel...
Par
le 26 août 2017
6 j'aime
Du même critique
Nous ne cessons de nous demander, deux heures durant, pour quel public Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu a été réalisé. Trop woke pour les Gaulois, trop gaulois pour les wokes, leurs aventures...
le 1 févr. 2023
127 j'aime
9
Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...
le 19 janv. 2019
89 j'aime
17
Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...
le 11 sept. 2019
78 j'aime
14