Ne revenons pas sur l'ampleur du phénomène GOT, j'imagine que tout a été dit, mais quelle bonne idée de réaliser ce documentaire sur toutes les petites mains qui, de par le monde, ont contribué à permettre que la magie visuelle fonctionne ! Il faut avouer qu'à la base, si tout avait fonctionné tout à fait autrement, je me destinais à travailler dans ce genre de milieu. Les choses n'ont pas vraiment tourné ainsi et me voilà à... j'arrête, ça y est, je suis de mauvais poil. Revenons donc à nos moutons irlandais, mais aussi à ces maquilleurs, figurants, cascadeurs, acteurs secondaires, producteurs, manutentionnaires, etc., qui savaient très bien que cette huitième et éprouvante saison (mille semaines de tournage de nuit, du chaud bouillant et du froid glacial, du maquillage au petit matin et des plombes et des plombes à attendre) serait leur dernière et la dernière en général. Du coup, on sent à chaque scène cette émotion qui les saisit, mais aussi ce doute qu'Emilia Clarke exprime finalement assez bien à la toute fin : se souviennent-ils encore de qui ils sont tous quand ils ne sont pas les rouages de cette énorme machinerie ? Et c'est là que, finalement, ce documentaire m'a attrapée : la béance entre la fiction et le réel - dans laquelle je suis tombée plus souvent qu'à mon tour -, mais aussi les rôles que le travail nous impose et qui sont le fondement des relations sociales de ce monde hoquetant. Cette maman qui a loupé Pâques avec sa petite fille parce que son mari et elle bossent sur le tournage nous renvoie malgré elle aux questionnements qui sont les nôtres à nous tous, qu'on ait un boulot ou non... qui serions-nous sans ces métiers qui finissent par nous définir ? Peut-on réaliser quoi que de soit de grand en dehors de leur cadre ? Au final, GOT n'est pas seulement l'expression de l'imaginaire de notre époque; il m'a semblé qu'il posait aussi son gros pied caparaçonné sur le point sensible de notre rapport au réel. Ce documentaire sait poser sans en avoir l'air la question de notre appartenance à... quoi exactement ? A vous de voir.