Les aventuriers de la statuette maudite


  1. Martin, malgré une filmographie bien fournie en pépites qui ont juste marqué l'histoire du cinéma, est malheureux.


Mean Streets, Taxi Driver, Les affranchis, Raging Bull, la valse des pantins, la dernière tentation du Christ, RIEN, aucun de tous ces bijoux n'est arrivé à lui ramener ce qu'il désire de plus en plus ardemment, au fur et à mesure que les années passent.


Martin veut son joujou. Sa statuette. Son objet à poser sur son étagère.


Car c'est gênant.
Beaucoup de ses copains l'ont eux, leur joujou qui trône fièrement dans le salon lorsqu'on invite 300 potes et potesses autour de la piscine.


Il avait pourtant cherché à infléchir la courbe, depuis peu, avec Kundun et "A tombeau ouvert". Mais rien n'y a fait. Les pairs de l'académie n'ont pas noté (ou en tout cas pas salué) son récent penchant vers les films prétentieux-un-peu-chiants-mais-sérieux.


Martin prend donc une décision lourde de sens.
Il n'attendra pas l'Oscar posthume. C'est trop injuste. il ne supportera pas jusqu'à la fin des temps les apéros chez Francis qui se moquera gentiment de lui tous les été parce que lui, il ne l'a pas.
Donc, c'est décidé. Tous les films de Martin seront maintenant orientés vers un seul but: obtenir la statuette dorée. Non mais merde.
Quitte à se renier, à allez à l'encontre de son style propre, de ses convictions, de tout ce qu'il est, ce qu'il fait depuis les débuts de sa carrière et ce qu'il décrivait encore récemment si bien lors de ses "voyages au coeur des cinémas italiens et américains".


Et c'est dommage ! Parce qu'il avait deux options, Martin. Soit pousser son style propre, ses convictions cinématographiques à leur paroxysme, soit se conformer aux modes du moment pour mieux plaire aux jurés.
C'est malheureusement cette deuxième voie qu'il emprunte.


Martin fait donc le choix du clinquant, du creux, du tape-à-l'oeil. Quitte à se trahir pour atteindre un but, autant y aller à fond.


Scénario bancal et creux, acteur en surrégime, mise-en scène démonstrative à l'excès (on dirait presque par moment du De Palma, c'est dire !), tout y passe.
Je vous fais une fresque historique magnifique sur ma ville, les gars, je vais vous en foutre plein les yeux ! Un mélange de Braveheart et de Manhattan. Mel Gibson meets Woody Allen !


Las ! Les jurés n'ont malheureusement pas marché dans la combine.
Alors Marin va maintenant insister, jusqu'à la fin de sa carrière... Aviator, Les infiltrés, Shutter Island, des docs en pagaille sur, en vrac, Dylan, le blues, les Stones, bientôt Dylan...
Pour l'instant, ça continue à pas marcher.


Alors messieurs de l'académie, une supplique. Donnez-lui son joujou, que Martin recommence à nous faire des vrais films.


S'il vous plait.


(PS : + 1 point parce que c'est Martin.
+ 1 point pour Daniel Day Lewis
+2 pour les peintures des décors)


(PS2: L'ami Torpenn m'avise et me rappelle qu'il l'avait bien eu, sa statuette.
Le cas est donc encore plus grave.
L'envie initiale explique l'origine de sa déperdition de talent. Pas la suite. A suivre...)

guyness

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