Notre duo belge fantasmant les histoires de rue (Adil El Arbi et Bilall Fallah) est de retour pour leur troisième film. Après après avoir malmené les rues sombres de Bruxelles dans Black, ils mettent le feu au port d’Anvers !
On retrouve une bande de 4 jeunes branleurs plus clichés les uns que les autres voulant redorer les lettres familiales et devenir les patsers (passeurs de drogue) les plus prospères de la capitale mondiale du diamant. Pour ce faire, ils vont passer du commerce de l’herbe au deal de coke beaucoup plus rémunérateur. Suite à un échange foireux, ils vont se retrouver dépassés par les enjeux que le monde de la coco représente et mettre à feux et à sang les rues du quartier populaire de Kiel…
Le film s’inscrit dans le genre du gangstérisme et ne renouvelle vraiment pas le genre. Mais se contente d'un update à la génération 2000’s ayant grandi dans les quartiers avec leurs drarries, leur casquette Gucci et le paradoxe entre une vie familiale avec des valeurs traditionnelles (souvent hypocrites) et la culture moderne dans lesquels ils baignent à longueur de journée.
L’histoire est très bien narrée et le découpage en chapitres correspondant aux 7 péchés capitaux est très bien monté, mais quelques points sont bâclés comme le développement de deux des personnages principaux (Volt et Junes) qui ne semblent pas vraiment servir l’histoire autrement que pour la flambe et pour créer deux-trois gags. Les personnages manquent de fond et sont plus souvent proches de la parodie qu'affichant un peu de profondeur. Ce qui nuit à l'histoire malheureusement. Les méchants qu'ils soient en i8 ou en combi de flics ne sont pas plus crédibles et nuisent fortement à la crédibilité du récit. Pécher à force de vouloir trop en faire!
Visuellement les couleurs fluos étoffant le film donnent vie à la métropole d’Anvers et l’aspect bling bling du monde des patsers couplé aux flashbacks des jeunes ayant grandi dans les jeux-vidéos donnent un aspect visuel plaisant au film. Les hommages aux années 80-90’s (décidemment de plus en plus tendances) sont nombreux que ce soit par l’incrustation ‘néon’ des titres ou les références au cinéma hollywoodiens plaçant les lettres de noblesse aux gangsters (dont Scarface, Taxi Driver, la Haine et the Goodfellas sont les représentants les plus éminents) en tout genre en passant également par la grande époque de Jean-Claude Van Damme, le ‘vrai’ rap développant le ‘storytelling’ et les jeux-vidéos comme Mortal Kombat ayant exacerbés nos pulsions les plus bestiales. Et peut-être qu’ils nous en servent beaucoup trop à l’écran….
Ce surplus est parfois fatiguant car il empêche de se concentrer sur l’histoire, son avancée et ses implications. Et surtout il nous empêche de faire de la place à l’émotion !
Bref, du Scorcese à la flamande faisant pencher son histoire de gangsters dans le registre de la comédie tout en redéfinissant les rues d’Anvers et nous faisant voyager du Maroc à la Colombie. Un film plaisant à regarder mais pas vraiment marquant au final. Sans doute une invitation de nos deux réalisateurs belges en vogue du moment à Hollywood toquant à la grande porte pour demander quand ils peuvent commencer ! Et quand on voit ce qu’ils nous servent avec un budget dérisoire de 3 petits millions d’euro, on se dit qu’on aimerait bien que les grands studios américains répondent à leur invitation…