Oui, comme vous l'avez lu partout, Gangsterdam est un film problématique. Homophobe, sexiste, et raciste, comme le film le précise lui-même en présentant l'ami du héros, Durex (ho ho ho, quel humour, quel finesse, vous rigolez sans doute déjà). Je n'ai aucun problème avec les personnages racistes et débiles qui balancent des énormités. J'aime beaucoup OSS 117 et Ricky Bobby pour cette raison, pas de problème. Mais quand OSS 117 balance une énormité, le film le contredit : non tous les allemands ne sont pas nazis, oui Dolorès sait aussi bien se battre que lui.
Dans OSS, le dindon de la farce c'est lui-même. Quand Durex (pfff...) balance à son ami qu'il sait bien conduire une Porsche parce qu'il est juif; Ruben, le personnage de Kev Adams, se révèle en effet un dieu au volant de cette voiture. Et des exemples comme ça, le film en est truffé. Uniquement à cause du personnage de Durex (non mais sérieux ?), en plus. Il est comme la cerise au dessus d'un bon gâteau à la merde.
Mais ce n'est pas le seul souci de Gangsterdam. Pourquoi cette horreur est-elle vendue comme une comédie ? Ce n'est jamais drôle. Jamais. On a cinq minutes sur une blague de pet. Cinq minutes. Quand t'en arrive à là, c'est que vraiment t'es mal barré. On sourit parfois, de gêne, en se disant "oh non, ils n'ont pas osé faire ça...".
Romain Lévy a essayé de faire un film de gangster avec l'humour de pré-adolescent typique du public de Kev Adams, totalement en roue libre, d'ailleurs (et c'est dommage parce qu'il peut ne pas être mauvais quand il est bien canalisé, comme dans le sympathique Fiston). Tous les gens de plus de 13 ans qui se sont marrés devant ça : consultez un psy. Conseil d'ami.
Si une chose paraît claire après avoir vu Gangsterdam, c'est que Romain Lévy adore Tarantino. Et si une chose paraît encore plus claire après avoir vu Gangsterdam, c'est que Romain Lévy n'est pas du tout Tarantino. Faire des tas de références visuelles à d'autre film, pourquoi pas, mais il faut englober le tout dans une certaine cohérence, et surtout avoir le talent pour maîtriser tout ça. Insérer dans son film des musiques qu'on aime, bien sûr, mais il faut y réfléchir et savoir construire le visuel autour de ça. Là, non, il ruine sans pitié de chouettes morceaux en les apposant sur des scènes, juste pour faire cool. Mais tu n'est pas cool, Gangsterdam. Tu es comme ton héros : une sombre merde prête à tout faire, même les trucs les plus edgy, pour te donner un genre.
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