Probablement l’un des meilleurs films du cinéma français.
Adaptation remarquable de finesse d’un très bon roman de John Wainwright (BRAINWASH, en français, A TABLE !), ce film est le remarquable affrontement entre deux félins. Martinaud (excellent Serrault, césarisé), chat rusé, et sachant nous arracher des sourires dans les moments sordides, puis nous conduire à l’émotion, est face à Gallien (Ventura, largement au niveau de Serrault), vrai tigre, prêt à dévorer sa proie, mais étant toujours soumis au doute.
Le tout sous les yeux d’un merveilleux Guy Marchand en roquet antipathique.
Romy Schneider finit le quatuor, en panthère délaissée détestant son mari, et plongeant le récit dans la direction escomptée. Sauf que le scénario est beaucoup plus malin que ça et après nous avoir fait jouer au chat et à la souris, nous amène là où il le souhaite sans que nous ayons eu le moindre doute de ce qui nous attendait, jusqu’au dénouement.
Quasiment tourné en un seul lieu, le bureau de Gallien (Ventura), les rares plans extérieurs sont des plans cut venant surligner ce que dit Gallien, et sèment le trouble : sont-ce des images visant à nous montrer les faits, ou alors, comme peuvent le suggérer les retours au bureau quasi systématiques sur le visage de Serrault, les images qui trottent dans la tête de Martinaud. Miller joue subtilement sur cette ambiguïté et permet au film de se dérouler sans passage à vide.
Audiard signe probablement ses meilleurs dialogues (César à l’arrivée). Tout en finesse, loin des emphases pour lesquelles il est connu, il ne lâche que quelques saillies, mais toujours dans la mesure, porté qu’il est par son sujet.
La photographie de Bruno Nuytten est remarquable.
Bref, si vous voulez voir un chef-d’œuvre, allez-y.