Ce film ne mérite pas la note de 10 sur 10 parce qu’il est parfait. Mais bien parce qu’il est mon film préféré. Si j’avais pu réaliser un film, j’aurais rêvé que ce soit celui-ci. Zach Braff m’a devancé et je l’en remercie.
Garden State c’est avant tout l’histoire d’un jeune homme qui subit la mélancolie de la vie citadine et qui va se retrouver confronté à ses souvenirs en retournant dans son New Jersey natal. Jusque là rien de fou semblerait-il. Et pourtant.
Certains réalisateurs ont cette imagination débordante qui rend magique le moindre paysage ou moment qui pouvait vous sembler jusque là anodin.
Garden State, c’est surtout un poème. Une douceur constante y règne et on se laisse vite porter par son rythme sans jamais s’en lasser.
La photographie y est importante, les images que l’on y voit restent comme imprimées dans notre mémoire, tout simplement parce qu’elles sont belles et marquantes mais toujours dotées d’une simplicité étonnante. Comme cet instant , où les enfants rentrent de l’école main dans la main traversent la rue, et forment à l’écran un véritable accordéon découpé dans du papier coloré.
On ressent dans ce film une forme de sérénité inexplicable, l’ambiance nous transporte jusqu’à nous relâcher chargés de positif et d’espoir. Les personnages sont attachants et les anecdotes le sont encore plus. Un autre monde apparaît aux yeux de Zach Braff lorsqu’il retrouve le pays qu’il avait fui. La magie s’empare des lieux et donne un nouveau souffle de vie au jeune-homme. Finis les médicaments qui calmaient ses angoisses, il se soigne désormais avec l’aide de ses amis.
Les chansons semblent avoir été composées pendant le tournage tant elles s’harmonisent avec le récit. Les notes valsent avec nos émotions, les transcendant encore un peu plus.
Garden State c’est avant tout un exutoire. Une porte grande ouverte à la guérison. Il est proposé ici au spectateur de prendre conscience de ce à côté de quoi il passe, de faire en quelque sorte un bilan de sa vie avant de tomber dans une névrose sans retour possible. Andrew Largeman est le parfait archétype de cet homme à qui tout semble réussir: acteur de télévision, sans vraiment le savourer.
A l’aide de scènes puissantes et marquantes, le réalisateur révèle de nombreuses vérités. Il montre des bonheurs simples et qui pourtant ont la force de cicatriser toutes les blessures, même les plus profondes.
Le moment le plus fou et intense du film sera bien sûr lorsque Andrew et ses deux compagnons, perchés au-dessus d'un gigantesque trou béant, poussent de concert un cri d'où s'échappe une douleur à la fois palpable et enfouie. Un moment bouleversant autant que le symbole d'une véritable renaissance.
L’amour est présent en la personne de Sam, la jeune-fille dont le héros fera la connaissance durant le second tiers du film. Elle incarne ici le modèle de la spontanéité, l’actrice Nathalie Portman apportant une lumière supplémentaire et essentielle au long-métrage, par son naturel et son sourire, elle est la joie de vivre personnifiée.
La philosophie de Garden State pourrait selon moi être le pendant cinématographique d'une citation de l’auteur Gabriel Garcia Marquez : « Il n’y a pas de médicament qui guérit ce que ne guérit pas le bonheur ». Tout est là pour nous montrer que la vie contient suffisamment de magie pour être heureux. Que tout est là, à notre disposition. Il suffit de faire les bons choix, de choisir le rêve que l’on désire mener.
On retiendra aussi une scène finale époustouflante qui prend au cœur le spectateur n'essayant plus de tempérer l'émotion par de nouvelles idées comiques. On a l’impression d’être là, présents et de ressentir au plus profond de nous : les émotions des personnages.
On se rend alors compte que l’on est resté figé sur son siège durant une heure et demie alors qu’il semblerait qu’une vie entière vient de se jouer sous nos yeux. On a vécu l’histoire de façon si intense que l’on en sort changés, comme déjà nostalgiques.
Sur une chanson extraordinairement douce et forte à la fois, Garden State nous laisse transformés. Let go,la chanson de Frou Frou, porte de multiples messages : se laisser porter par son intuition et ses sentiments et enfin, c’est à nous que l’on finit par souhaiter un bon voyage.
Mathieu Carratier, du magazine Premiere, avait bien raison : « On aime pas Garden State, on en tombe amoureux ».