Garou-Garou, le passe-muraille par Alligator
déc 2011:
C'est le deuxième film de Jean Boyer que je vois à la suite après "C'est pas moi c'est l'autre". Pur hasard! Juré! Je me demande bien comment on pourrait avoir l'idée de se faire une série de films de Jean Boyer. Voilà un réalisateur au style totalement impersonnel, si tant est qu'il ait réellement un style. Le vocable me parait bien trop large pour ce cinéaste. Cela a un avantage certain pour les comédiens. La réalisation s'efface pour laisser libre cours au talent d'acteur de Bourvil. Ça, pour s'effacer, elle s'efface! Reprenant en partie le rôle qu'il a incarné si souvent auparavant et qui a fait son succès auprès du public, à savoir celui d'un brave type, honnête, fleur bleue, un peu naïf, il le bouscule quelque peu en y ajoutant ici le côté farceur qui plait tant à Marcel Aymé.
Joan Greenwood est handicapée par son français approximatif mais elle a dans le visage, dans le mouvement de ses mains toutes menues une grâce, une fragilité émouvantes. Il y a un acteur qui ressemble à Pierre Brasseur dans "Quai des brumes", un peu trop d'ailleurs et qui a une tête qu'on voit dans pas mal de films des années 40 et 50 jusqu'à ce qu'il embrasse définitivement la mise en scène et Michèle Morgan, c'est Gérard Oury. Hé oui!
Mais non, les vraies vedettes du film sont Bourvil et la fantaisie poétique de Marcel Aymé, une de mes auteurs préférés, un rêveur impénitent, plein de songes facétieux.
Et finalement, le film force l'attrait grâce à cette démonstration totalement jubilatoire du personnage qui traverse les murs. Souffle le fantasme de la liberté absolue, avec cette fascination qui déborde un peu le sale gosse qui est en chacun de nous.