C'est qui s'appelle rater une adaptation: d'un réjouissant conte libertaire de Marcel Aymé, les scénaristes ont fait une comédie gentillette au développement inutilement compliqué pour éviter de faire de Bourvil, déjà abonné aux rôles de naïf au grand cœur, le super-héros qui se venge de sa condition de fonctionnaire humilié et exploité en ridiculisant la police et la justice. Ici, Dutilleul devient hors-la-loi malgré lui pour sauver une jeune voleuse dont il est tombé amoureux. C'est franchement cucul, mais ça se laisse regarder avec le sourire, ne serait-ce que pour les effets spéciaux délicieusement datés. Bourvil et la charmante Joan Greenwood (une star anglaise débauchée pour l'occasion) n'ont pas à forcer leur talent pour incarner des personnages de pure convention, entourés de seconds rôles qui s'en donnent à cœur joie dans la parodie (Gérard Oury en gangster d'opérette ou Raymond Souplex en artiste peintre de carte postale).