Fonctionnaire modeste, méprisé par ses collègues de bureau, honni par sa brute de beau-frère, l'effacé Léon Dutilleul se découvre un matin le pouvoir de traverser les murs.
Sur cet argument fantastique de Marcel Aymé, Jean Boyer construit une comédie bien de son temps, volontiers puérile et bien peu corrosive, aseptisant sans doute l''humour et les intentions qu'on imagine plus acerbes de Marcel Aymé. Dans son registre de doux dadais, Bourvil fait le numéro qu'on attend de lui mais on n'est pas sûr que la nature et la composition de l'acteur soient les plus appropriées (il faudrait revoir Serrault dans le téléfilm de Pierre Tchernia pour se faire une idée). Il manque à ce Léon Dutilleul une ambivalence, un caractère, de la roublardise, voire un soupçon de méchanceté.
Dans un premier temps, Dutilleul exploite aimablement son nouveau pouvoir en s'amusant de son entourage médiocre et en suggérant quelque fantasme voyeuriste. Plus tard , il entreprend de
séduire une ravissante cambrioleuse (Joan Greenwood et son accent charmant) en devenant le dévaliseur génial Garou-Garou et simultanément l'ennemi public n°1.
Mais, parce que les gags du passe-muraille sont élémentaires et l'esprit du film pas si subversif que ça, l'insolite sujet de Marcel Aymé produit ici une comédie bien fade.