août 2010:

Quel étrange sentiment! La première fois que je l'ai vu, j'avais été ravi d'entrer dans cette ambiance de vieille France préhistorique, où les routiers sont "sympas mais faut pas pousser quand même", avec le cambouis, le sandwich andouillette, la solidarité de la route, les "salut René", les "salut Fernand", les "C'est quèqun tout de même!", les 8 heures de conduite pour aller de Clermont à Paris, etc.

Et puis là aujourd'hui, je croyais me faire un petit plaisir vicelard et j'en sors un peu frustré. D'abord, ce dvd René Chateau est tout simplement une merde, digne d'une bonne VHS d'antan mais le grain, les contrastes salement poussés pour camoufler, beurk! Pas une fois on se serait cru au cinéma. Alors forcément, ça met d'humeur chafouine, ça coince au niveau des perspectives de jouissance visuelle.

Tout de même, j'ai comme le sentiment également que Grangier et Audiard en gardent sous la pédale parfois. Il faut attendre les engueulades et l'arrivée des marlous pour pimenter la jactance. Avant cela, l'immersion dans le milieu des camionneurs provinciaux se déroule sur le mode pépère, rythme tranquille, mise en image sobre, musique flonflonesque et un Gabin très lent mais sûr de lui. On le suit dans son petit quotidien, banal, camion-boulot-dodo, ses amis, son amourette prometteuse avec la jeune Jeanne Moreau. A vrai dire, on est à deux doigts de s'ennuyer un peu. La balade est historiquement didactique mais sans grand relief.

Les acteurs sont comme nonchalants. Marcel Bozzuffi, Jeanne Moreau, Camille Guérini passent le film presque transparents. Il n'y a guère que Guérini qui met un peu de sourire et de vie chez les routiers. Roger Hanin et Ginette Leclerc épicent un peu la distribution du côté des gangsters. Mais au final, là où je m'attendais à prendre plaisir à retrouver de la trogne, je peine à jouir. Et Gabin, souvent passif, semble s'endormir. La bourgeoisie lui colle mal à la peau, même la toute petite. A rebrousse poil.

Si bien que cette revoyure parait un peu fade. Heureusement la dernière partie du film, la confrontation des milieux, donne un sacré coup de pompe au derrière de tout ce petit monde et l'on revit. Bon mais court.
Alligator
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le 13 avr. 2013

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