Autant Les Bootleggers était un parfait numéro d’équilibriste entre le policier, l’action et la comédie, autant cette suite, pourtant plus réputée, se vautre lamentablement. L’histoire est ici totalement décousue et on peine à comprendre les motivations des différents protagonistes. Les personnages sont eux-mêmes très mal définis, peu fouillés et ne sont guère attachants. Le mélange des tons, qui faisait la force du premier opus, est complètement raté.
Disons-le ici tout net : rien ne fonctionne. Ni le côté blagueur du début où les différents personnages rient comme de grosses baleines à des vannes que seuls les Yankees peuvent peut-être trouver amusantes. Ni le côté polar qui n’est jamais limpide et prenant. Ni l’humour qui n’arrache jamais le moindre sourire. Ni le côté grave qui, peu à peu, prend le dessus (quelques morts violentes soudaines, une romance qui ne sert à rien et qui se prend terriblement au sérieux, un règlement de compte qui vire à la vie à la mort). Ni l’action qui n’est pas suffisamment au rendez-vous (une course-poursuite en bateau à la limite du burlesque dans les bayous au tout début et une baston rageuse à la toute fin).
Entre ces deux moments peu marquants, il ne se passe rien et l’ennui est profond. On ne s’amuse pas et on n’en prend pas plein les yeux (et pourtant les années 70, Burt Reynolds, les bagnoles, les Sud des États-Unis, enfin bref tous ces trucs-là). C’est mou comme ce n’est pas permis, les scènes semblent accolées les unes aux autres sans véritable liant, rien n’est jamais maîtrisé. L’histoire d’amour est aussi légère qu’une enclume (elle annonce celle bien encore plus plombée de L’Antigang du même moustachu) et les dialogues de fin entre les deux protagonistes sont ridicules de bêtise à grand renfort de saxos et de violons. En somme, cette suite affreusement mauvaise n’est jamais divertissante. Or, pour ce genre de film, c’est carton rouge quand cet objectif n’est pas atteint.