Baz Luhrmann restera pour moi le doux dingue qui aura offert à mon adolescence "Romeo + Juliet", adaptation romantique, décalée et furieusement rock'n'roll du classique de Shakespeare. Malgré un scénario basique, son "Moulin Rouge !" avait fait plaisir à ma rétine et à mon goût pour l'outrance, contrairement à son "Australia", pompeuse tentative de romance grandiloquente à la "Autant en emporte le vent". Sans cesse repoussé, traînant derrière lui les rumeurs d'un tournage apocalyptique et peu valorisé par une bande-annonce indigeste, "Gatsby le magnifique" s'offre enfin à moi.
S'ouvrant de la même manière que "Moulin Rouge !", "Gatsby le magnifique" va parvenir à me conquérir pendant près d'une heure, reconstituant une Amérique fantasmagorique complètement décalée, vivant au rythme frénétique du jazz et des fêtes aussi somptueuses que décadentes. Avec son outrance et sa frénésie habituelle, Luhrmann restitue à merveille une époque complètement folle, dernier tour de piste avant que l'Amérique ne perde ses couleurs. Si le decorum risque de filer de l'urticaire à beaucoup de spectateurs, le film évoluant constamment dans un univers numérisé à mort, l'ajout de la 3D embrase le tout, parvenant à transcender ses arrières-plans digitaux pour transformer l'ensemble en somptueux livre pop-up.
Mais après la fête vient souvent la gueule de bois, et l'ennui de pointer le bout de son nez pendant près d'une heure et demie. Se reposant sur un casting impeccable dominé par l'interprétation une fois de plus fiévreuse de Leonardo DiCaprio, Luhrmann nous ressert grosso merdo le script de "Moulin Rouge !", ne parvenant jamais à retrouver le mystère et surtout la profonde tristesse du magnifique roman de Fitzgerald, ratant complètement son final qui aurait du être tragique et bouleversant mais dont n'émane absolument rien.
Je sors donc de "Gatsby le magnifique" avec l'impression d'avoir été éjecté d'une fiesta délirante à laquelle je n'aurais pas été invité, conservant quelques bons souvenirs mais ne pouvant me débarrasser de l'amertume d'avoir loupé quelque chose d'immense.