Quarante ans après l'adaptation de Jack Clayton (qui mettait en scène un fringant Robert Redford et une agaçante Mia Farrow), revoici le célèbre roman de Francis Scott Fitzgerald désormais mis en scène par le fantasque Baz Luhrmann. Le réalisateur de Moulin Rouge! se sent donc comme un poisson dans l'eau dans cette relecture fidèle et onéreuse où ses talents de chef-d'orchestre scénique vont seoir à merveille aux fêtes démesurées pleines de danseuses exotiques et d'autres festivités grandiloquentes...
En soi, cette cinquième adaptation retrace le livre de Fitzgerald avec minutie, l'amateur du roman n'en sera donc pas dépaysé bien qu'il manque bien entendu quelques scènes tandis que d'autres plans clippesques sont rajoutés rien que pour vos yeux. Face caméra, c'est donc du gâteau : une mise en scène clinquante, des couleurs rafraichissante (la photographie de Simon Duggan est à tomber, une surprise pour ce spécialiste des films d'action) et un casting aux petits oignons comprenant donc Leonardo DiCaprio, qui retrouve le réalisateur 17 ans après Roméo + Juliette, la très en vogue et ici bouleversante Carey Mulligan, le fabuleux Tobey Maguire (qui ne semble pas vouloir vieillir), le téméraire Joel Edgerton et une palette d'acteurs et d'actrices plus ou moins connus étalés ici pour nous ravir les mirettes.
L'interprétation est au top, Luhrmann s'entourant d'un casting de choc pour incarner avec conviction cette galerie de personnages torturés, faisant sombrer dans l'oubli le film de 1974 et ses passages nunuches. Ici, le côté rose-bonbon est au fond intact mais demeure camouflé par la mise en scène éblouissante du réalisateur australien (la première fête, la ballade en Rolls-Royce ou encore les écrits de Nick incrustés à l'image pour ne citer que les scènes les plus visuellement impressionnantes). Certes, on regrettera une B.O. le plus souvent inappropriée qui ne pourra pas plaire à tout le monde (Jay-Z, Beyoncé, Kaye West et autres tubes remixés electro/dubstep dans un film se passant dans les années 20, ça fait toujours bizarre). Toutefois, cela donne un certain charme et surtout une identité à ce long-métrage excellent qui aurait peut-être pu être plus sobre sur certains aspects.