Palme de plomb de la pire adaptation.
Gatsby le magnifique est une de mes oeuvres littéraires préférées, le personnage éponyme est sublime.
Baz Luhrmann le viole allègrement pendant deux heures vingt. Ça faisait longtemps que je n'avais pas autant détesté un film.
Si vous ne connaissez pas l'histoire, allez lire le livre, c'est un chef d'oeuvre.
Baz Luhrmann est un escroc, son film est une soupe écoeurante. Tout ce qui fait la beauté de l'oeuvre originale est piétiné et transformé en bouillie indigeste. Les effets visuels sont vomitifs, la volonté est clairement d'en mettre plein la vue, le seul résultat est un violent mal de crâne.
La première partie du film mettra vos nerfs à rude épreuve, c'est criard, c'est outrancier, c'est vulgaire. Les défenseurs du film pourraient dire que c'est précisément l'effet que cherche Baz Luhrmann pour critiquer la haute société décadente de l'époque, mais sa mise en scène nous fait rejeter le tout en bloc. On ne croit pas à ce qu'il nous raconte. La démesure pompeuse nous sort du récit et de l'éventuelle critique. Pour ma part, je pense qu'il voulait juste un bon prétexte pour gaver sa première partie de séquences hystériques et c'est pour cette unique raison qu'il s'est jeté sur le roman de Fitzgerald (qui doit faire des triple-lutz piqués dans sa tombe à l'heure qu'il est).
Dans une deuxième partie, on découvre le personnage qui donne son titre au film : Jay Gatsby. Personnage sublime du roman, très bien défendu par Leonardo Di Caprio, encore une fois impeccable, à la fois charismatique et touchant. Mais tout ce que l'acteur construit, Luhrmann le détruit par une mise en scène d'une lourdeur qui confine au Brooklyn Bridge. Là où Gatsby est superbe par son passé mystérieux, sa vision de grandeur, son rêve, ses idéaux et sa quête de perfection, Luhrmann piétine le tout avec ses sabots en fonte massive en illustrant très grossièrement chaque idée, chaque détail. On a même le droit à des passages avec du texte en 3D, histoire de bien sous-titrer pour les débiles profonds.
Enfin, côté casting, c'est vraiment pas brillant. Première erreur : confier le rôle de narrateur à Tobey Maguire. Cet acteur est absolument dépourvu de charisme, sa voix n'en fini pas de muer (ce qui est dommage, quand on lui confie un rôle constitué à 75% de voix off) et il est parfaitement incapable de jouer le rôle de catalyseur entre le spectateur et le personnage presque mythologique qu'est Gatsby. Carey Mulligan est parfaitement insipide, on ne comprend pas comment Gatsby peut être à ce point amoureux d'elle, d'autant qu'à l'époque à laquelle se déroule l'histoire, la notion de bankable n'existait pas. Seul Joel Edgerton parvient à tenir le pavé à Di Caprio, il campe parfaitement son personnage, à la fois brutal et sensible.
Pour finir sur une note positive : les costumes et les bagnoles sont très beaux. Mais on peut remercier les années 20, certainement pas Baz Luhrmann.
Je vous en supplie, n'allez pas voir ce film, qu'il coule la Warner et enterre son réalisateur. C'est tout ce qu'il mérite.