Scott Fitzgerald plus fort que Luhrmann
L'adaptation d'un livre pose de nombreux soucis, et Gatsby le Magnifique en est l'exemple parfait.
Luhrmann prend un texte qui lui plait, qui est mondialement connu, et tente de le traiter avec sa vision de l'histoire, son univers et sa sensibilité artistique. Mais il veut aussi préserver la magie du texte de Fitzgerald. A partir de là se livre un film étrange car les deux univers de Luhrmann et de Fitzgerald sont diamétralement opposés. Oui l'auteur du livre décrit des univers baroques, des personnages qui semblent "magnifique", mais ce n'est que pour montrer leur lacheté et leur fragilité. Gatsby le Magnifique est une tragédie et pas une bleueutte poétique.
Il en découle donc un bras de fer incessant entre ces deux visions. Luhrmann n'a de cesse de tenter de faire coller le texte à son univers (quitte à sacager certains personnages comme Nick Carraway). Cette vision domine durant toute la 1ere partie du film (la plus ennuyeuse). Dans la 2e partie du film, Luhrmann s'efface involontairement. On oublie complètement ses effets bon chic bon genre. On ne les voit plus. On est porté par la force du récit, par l'histoire, et par ce qu'il va advenir aux personnages. C'est comme si l'histoire de Fitzgerald était si forte, si universelle, si bien écrite que malgré les changements, les innovations que veut apporter Luhrmann elle releguait au second plan le réalisateur. Son univers visuel et poétique devient accessoir, inutile, kitsch et innaproprié.
La 2e partie et le film sont finalement sauvés par la seule chose à laquelle le réalisateur n'a pas pu toucher. L'émotion qui se dégage du texte.
Moralité : Lisez le bouquin !