Après avoir vu la bande-annonce, je redoutais le pire. Je connaissais en effet déjà Baz Lurhmann pour être un réalisateur détestable et pathétique, mais la HD et le tout numérique (accompagné de la 3D dans les salles, nom d'un chien !) semblaient avoir apporté une toute nouvelle dimension de médiocrité à son travail. Parce que cet usage particulièrement poussé de la HD (native bien entendu), avec l'image toute lisse et clinquante, ça peut donner des trucs sublimes, comme Tree of Life ou The Social Network, mais ça peut aussi donner des trucs irregardables comme The Hobbit, avec à la clé un joli mal de crâne. Et Gatsby semblait bien appartenir à cette dernière catégorie.
J'y vais donc inquiet et surtout un peu contre mon gré. Au début, difficile de s'y faire, mais ça n'est pas vraiment laid, surtout déstabilisant. Cependant, je comprends rapidement le parti pris de mon cher Baz, et surtout je comprends que tout est volontaire (contrairement au Hobbit où Jackson s'est simplement planté). Il suffit de voir la première scène de fête chez Gatsby pour s'en rendre compte, absolument vertigineuse et allant même jusqu'à justifier la 3D. Il y règne une folie contrôlée proprement incroyable et, il faut être honnête, c'est beau. Les anachronismes musicaux fonctionnent d'ailleurs parfaitement bien, et vont de pair avec ces choix de mise en scène. La reconstitution des années 20 est, à sa façon, fantastique.
Un point pour Baz, il m'a bien eu. Mais bon, c'est pas tout de réussir sa réalisation, surtout quand on adapte un tel classique de la littérature américaine. Je n'ai pas lu Gatsby, je ne pourrai pas parler de la qualité de l'adaptation, mais de toute façon on s'en fout non ? Ce qui compte c'est que le scénario soit bon, pas qu'il soit fidèle.
L'histoire est géniale, tout le monde le sait, mais pour ça on peut remercier Fitzgerald. Parce que le scénario lui est tout ce qu'il y a de plus banal. Pas mauvais, mais terriblement convenu. On ajoutera à ça quelques longueurs, et on s'en sort quand même avec un truc pas trop mal... Luhrmann a donc réussi à ne pas trop foirer son scénario, ce qui est un exploit absolu pour lui.
Passons maintenant à LA chose qui fait le film, qui fait que vous devez absolument le voir : Leonardo. On savait tous que c'était un immense acteur, mais ici, il touche au divin. En quelques secondes à peine, lors de sa première apparition, lorsqu'il nous tend son verre avec ce sourire indescriptible de complexité et de beauté, on est déjà sous le charme. Et ça continue comme ça jusqu'à la fin. Rarement une prestation m'aura autant impressionné et fasciné.
À côté de lui, tout le monde paraît un peu fade, mais je veux quand même dire que j'ai plutôt apprécié la prestation de Tobey Maguire, puisque je semble être le seul, et Joel Edgerton et Elizabeth Debicki livrent malgré tout des performances honorables. Carrey Mulligan en revanche, c'est pas la même histoire, je l'aime beaucoup en général, mais ici on a du mal à comprendre pourquoi Leo est tellement énamouré...
The Great Gatsby est donc une bonne surprise, qui pourrait réconcilier certains détracteurs de Luhrmann. Et puis même si vous ne l'aimez pas et que vous ne pouvez toujours pas blairer son style, allez y quand même pour la qualité de l'histoire, et surtout pour y voir la plus grande performance d'un acteur qui pourrait bien être, à y regarder de plus près, le plus grand de notre époque.