De Gatsby le Magnifique, on avait en mémoire au cinéma, que la soporifique adaptation de Jack Clayton en 1974 avec un Redford un peu trop bourrin pour le rôle titre. L’idée même de savoir que Luhrmann s’y penchait était aussi exaltante que troublante. Car après un « Romeo et Juliette séduisant, un « Moulin Rouge » psychédélique et enthousiasmant, le réalisateur semblait s’être enlisé. En référence à son « Australia » qui n’avait que d’épique son plantage !
C’est donc avec un œil plein de mansuétude et d’inquiétude que j’y suis allé. La cohorte d’une certaine intelligentsia se faisant déjà entendre pour crier « au scandale » ou annonçant le navet tant redouté. Il est vrai que les premières minutes ne donnent guère d’espoir : Orgiaques !!! Bande son folle, montage au hachoir, luxuriance des décors, costumes, accessoires… De folles reconstitutions des années qui l’étaient, certes mais à ce point… peut-être pas ! Et pourtant… Luhrmann veut souligner ici la part du fantasme (le sien, celui de Nick, du spectateur…) de ce Gatsby que tous imaginent dans l’excès comme dans le mystère sans vraiment le connaître.
Une fois les strass, les paillettes et les fumées évaporés, surgit l’homme ! Et c’est avec une incroyable subtilité que l’on replonge dans le roman de Fitzgerald, dans son essence. Le choix scénaristique amenuise quelque peu le volet social du roman au profit de cette fabuleuse histoire, il en retire toute la quintessence ! Luhrmann se fait plus posé et nous montre enfin, sans artifice ni abus, mais avec justesse qu’il est un grand réalisateur. Les acteurs sont incroyablement bons, notamment Di Caprio qui est le Gatsby qu’on attendait.
La bande originale qui oscille entre tendance et lignes mélodiques raffinées n’a pas fini de nous poursuivre, tout comme les éléments de la direction artistique (costumes, décors, coiffure…) auxquels ont été apportés un soin tout particulier !
Si pas magnifique, Gatsby n’en est pas moins un film authentique et magique !