T'a fumé quoi, les Inrocks?

     Hé ! Ho ! Navet c’est pas un gros mot. Quand on en trouve un, coincé entre quelques betteraves, et deux potirons, il faut savoir faire amende honorable, et l’accepter. Accepter sa malchance du jour. Et pour supporter ça jusqu’au bout, faut vraiment se sentir investit d’une mission. Heureusement pour moi, je l’ai vu en vidéo, pas au cinéma. Et c’est utile une séance vidéo; on a la télécommande à portée de main. Avec sa providentielle fonction : SEARCH, ou avance rapide pour les nuls.

   Commençons, mais par quoi ? Le scénario qui se mord la queue, à peine écrit. Suggéré. On nous suggère un truc, le buzz va faire le reste. On nous suggère Philip Katerine en costume de président de la république. Ça a de la gueule, non ? Le reste c’est une mascarade  digne du théâtre de boulevard le plus bourrin. Ça parle beaucoup, mais le fil, on n’y comprend rien. C’est des répliques dix huitième degrés. Fait pour qu’on comprenne rien, et je parie que certains vont dire qu’ils ont tout compris. Le dix huitième, c’est facile pour justifier n’importe quel raccourci. Katerine clone Hollande.

   "Mon ennemi, c’est les banques." Citer outrageusement quelqu’un, c’est le degré zéro de la caricature à grand-papa. Surtout si on n’ajoute rien de plus consistant dessus. Se foutre de la gueule d’Hollande ? Ça ne marche pas. Autant tirer sur une ambulance aussi. Le personnage n’est pas assez, voir n’est pas antipathique du tout, et échappe à la satire, trop grossière. Une allocution télévisée ? Ennuyeuse comme une vraie allocution télé. Autant regarder la vraie allocution télé. Les autres acteurs sont collés comme des Post-it. Collés sur le sol à attendre. Des figurants plus que des acteurs. Heureusement, Olivier Rabourdin est là. Il fait tout le taf à lui tout seul. Les questions, les réponses, le jeu. Le seul acteur du film. Les autres ne jouent pas, ou mal, et surtout, n’ont pas le charisme de Katerine pour s’en sortir. Lui, peut se permettre deux répliques, puis plus rien. Une longue tirade, puis sombrer en léthargie. Dire un truc sans queue ni tête. Et après…. Ça passera face caméra, c’est Katerine. Et le manque de moyens évident, ne sauve pas tout. Une satire ça fait rire. On va me dire que si je ne ris pas, c’est que je n’ai pas le sens de l’humour. Je n’ai pas cet humour là, en tout cas, c’est  sûr. Plat, simple, froid, un peu à l’anglaise, mais sans le grain de folie qui va avec, (hélas).

  Un vrai film même à l’humour absurde fonctionne avec un semblant de crédibilité, ou une histoire même schématique. Or, l’histoire n’en est pas une, le président n’en est pas un, le cinéaste…aussi. On est dans les sous-sols de l’Elysée à jouer à : Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette. On passe du sous-sol aux bas-fonds. Un moment, ça suffit. La caméra tout le temps le même plan, faut vraiment avoir envie de rire. Je vois plus drôle et plus court sur You Tube régulièrement. Et s’ils ont l’air tous cons, le penseur qui tient la caméra, n’a pas l’air de dégager plus de gaz. On n’apprend rien sur le climat ambiant qu’on ne sache déjà. Premier degré sans le vouloir. Pas bon. Aucune charge ou représentation du pouvoir, comme j’ai pu l’entendre dire ici et là. Le pouvoir c’est plus « sale » et surtout plus subtil que ça.

  « On ne peut pas aujourd’hui imaginer plus juste et plus poétique représentation du pouvoir que celle-ci »  Les Inrockuptibles (?)