Regarder les plus grands films italiens dans un ordre chronologique fait sens : après la création du néo-réalisme, les italiens ont créé la comédie italiennet, qui ajoute le rire au néo-réalisme.
Toto est un mythe chez les italiens. Leur Fernandel à eux. J'en avais certes entendu parler, mais je n'en connaissais rien, pas un film, à peine sa tête. Ici, il joue le rôle d'un roublard arnaqueur, mais pauvre et essayant surtout de faire vivre sa famille. Et poursuivi par un gendarme qui doit absolument le retrouver s'il veut sa promotion. Le vrai fond de l'histoire, c'est le rapprochement de deux familles que tout oppose, conformément au titre du film. C'est en cela que le film a vocation comique introduit le néo-réalisme : il n'y a pas d'enjolivement de la précarité des protagonistes. Les héros sont surtout pris par la nécessité de trouver de quoi vivre ou survivre le lendemain.
C'est donc aussi, finalement, un film plus politique qu'il n'en a l'air, bien loin du gendarme de St-Tropez, par exemple. Puisque, outre cette expression de la pauvreté crue, le film fait se rapprocher le voleur et le gendarme. A tel point qu'il y a eu volonté de censure : comment un gendarme peut-il faire ami/ami avec l'homme qu'il poursuit ? Au-delà du fait que cette réaction traduit une pure hypocrisie (notamment en Italie), vouloir mettre un voile pudique sur cela semble aujourd'hui assez fou. Mais je suis peut-être naïf.
On a du plaisir à voir ce film. Déjà parce qu'un peu de rire, après la trilogie de Rossellini ou les films de De Sica, ça fait quand même du bien, et ensuite parce qu'on s'attache aux personnages et à leur histoire, et que parfois, on rit même de bon coeur.
Quand bien même les réalisateurs, Monicelli et Steno n'ont pas le talent des noms déjà cités, le film se laisse très agréablement regarder.