Pour moi c'est le second coup d'éclat des frères Hughes après Menace 2 society.
Calqué sur le schéma narratif de Deer Hunter, en trois actes (une petite communauté observée avec minutie, la césure de la guerre, l'impossible retour à la vie normale), le film est classique jusque dans les ultimes soubresauts de de son dénouement, mais implacablement maîtrisé.
Albert et Allen Hughes observent au microscope cette fêlure de l'âme imprimée par la guerre dans les chairs du héros, pour un résultat aussi dévastateur qu'un coup de fusil dans le ventre.
Les séquences au Vietnam, elliptiques et violentes, ressemblent presque à un film d'horreur, tant l'hémoglobine gicle sans retenue. Une partie centrale qui cristallise toute l'horreur de la guerre, à coup de scènes choc éprouvantes.
Les deux frères mitraillent à tout va la pauvreté, la tension sociale sous-jacente, la drogue, bref tout ce qui gangrène l'Amérique des années soixante et soixante-dix...Et continue de la pourrir aujourd'hui.
Avec un punch incroyable ils assènent dans le dernier tiers du film la plus incroyable scène de braquage que j'ai pu voir sur un écran avec celle de Heat. Réglée au cordeau, filmée au millimètre, avec un sens du suspense et une virtuosité étourdissante.
Un grand film et un majeur tendu bien haut à tous les Donald de la terre.