Genesis
7
Genesis

Court-métrage de Nacho Cerda (1998)

Dommage, l'idée de base est intéressante mais le traitement mauvais.


L'auteur propose ici un scénario très minimaliste, mais l'étire beaucoup trop sans l'alimenter pour autant. Le fin mot de l'histoire on le comprend assez vite et on se demande pourquoi ça met autant de temps à arriver. C'est beau comme idée, bien entendu, pour moi, cela évoque le faculté de l'artiste à rendre quelqu'un (un modèle, une muse) immortel, et puis à lui redonner vie au travers d'un fragment artistique ; cette même oeuvre finit par donner un statut immortel au créateur dont on se souviendra éternellement. C'est ce que j'ai ressenti au travers du film.


La transformation aurait pu pallier à ces longueurs, surtout qu'on ressent une volonté d'offrir un beau produit (les fondus enchaînés ne sont pas sans rappeler les beaux films d'amour d'il y a quelques dizaines d'années) ; malheureusement, cela se fait par fragment, par petit bout et on ne profite pas vraiment de cette transformation trop attendue, trop conventionnelle, trop sage. Il reste quelques plans mémorables du côté de l'homme mais ce n'est pas assez approfondi, assez exploité. Et puis, le pire, ce sont ces séquences vertes (appelons les comme ça, il s'agit d'un mélange de rêve, de cauchemar, de souvenirs) qui rappellent davantage un "Saw" avec ses nombreux effets de style épileptiques opérés lors de la phase de montage qu'à un vrai beau film classique comme le reste le laissait présager (le fondu enchaîné est aussi un effet de style,j c'est vrai, et on le retrouve beaucoup dans ce court, mais il est à l'opposé de ces autres effets de style Sawienne, et graphiquement, je trouve le rendu de ces derniers beaucoup moins intéressants que celui de ces premiers)..


Les effets spéciaux sont à nouveau réussis (je dis à nouveau parce que j'ai enchaîné ce film après "Aftermath" qui est assez bluffant à ce niveau là), aussi minimalistes soient-ils. Les accessoires, les lieux aussi sont assez bien trouvés et bien filmés ; certains plans bénéficient d'une lumière travaillée, comme si elle creusait l'obscurité à l'instar du sculpteur qui sculpte sa muse.


Bref, y a du bon et du beau mais au final c'est trop long pour ce que ça raconte et certains choix esthétiques paraissent inadéquats. Dommage.

Fatpooper
4
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le 3 juil. 2016

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Fatpooper

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