Tourné en 2002 puis sorti à diverses années plus tard en DVD ou à la télévision, Dragon Sword est une curiosité, un OFNI difficilement cernable et d’autant plus appréciable qui souffre d’une volonté de proposer un produit solide sans le savoir-faire adéquat. Écrite et réalisée par un réalisateur de seconde équipe qui n’avait alors mis en scène qu’un petit téléfilm, tournée entre le Luxembourg et le Nord de la France, produite par des sociétés luxembourgeoise, anglaise, allemande et américaine avec un budget avoisinant les 32 millions de dollars (le budget de Resident Evil pour vous faire une idée) avec un casting plutôt connu bien que peu en vogue à l’époque, cette variante de la légende de Saint Georges et le Dragon échoue à tous les niveaux…
Trop ambitieux, ne sachant pas quoi faire de son budget, Tom Reeve filme son aventure épique comme un vulgaire téléfilm, incapable de mettre en scène des combats épiques et des effets spéciaux dignes de ce nom (le dragon, présenté dans les cinq premières minutes dans une CGI traumatisante, s’avère encore plus laid que ceux de Donjons & Dragons), utilisant des costumes de carnaval et des décors probablement déjà usés par des séries TV. Où sont passés les 32 millions ? Peut-être dans le cachet combiné des acteurs, allant de James Purefoy (qui venait de tourner Resident Evil justement), Piper Perabo (Rocky et Bullwinkle) et Patrick Swayze époque Une Chambre pour quatre en passant par Michael Clarke Duncan, notre Jean-Pierre Castaldi national et même ce pauvre Val Kilmer le temps d’un caméo tourné entre deux prises de Profession Profiler.
Assez proche de Princess Bride pour son côté bon-enfant et son absence de sérieux (le générique de fin offre même des bloopers, histoire de montrer que le tournage était super fun), le long-métrage ne s’avère jamais amusant, jamais épique, jamais touchant. On passe ces 90 minutes à regarder une aventure mollassonne, mal jouée, mal filmée, à la photographie télévisuelle et aux répliques assommantes sans jamais sourciller. N’assumant jamais son côté presque parodique (le film commence tout de même avec Castaldi père déguisé en moine et faisant du skate sur une planche de bois), le réalisateur livre une leçon d’incompétence, un gâchis de temps et d’argent dont finalement seuls les acteurs, convaincus de jouer dans une comédie bariolée, semblent prendre un tant soit peu leur pied.