Sur le papier, Roger Stone est l'incarnation même du "greed is good" chère au requin de la finance Gordon Gekko. En réel, il évoque le frangin destroy de Roger Ailes (ex-PDG de Fox News) ou un Dick Cheney de la communication. Son crédo ? Plutôt être tristement célèbre que pas célèbre du tout (une des "Roger Stone Rules"). Juste histoire de vous donner une idée du niveau. Les convictions politiques ? Il s'en fiche comme de son premier coup fourré. Le seul objectif, c'est l'attention point barre. En même temps, à quoi s'attendre d'autre de la part d'un homme s'étant fait tatouer le portrait de Nixon dans le dos ?
Get Me Roger Stone évoque un peu le portrait type Larry Flint de Milos Forman, tant il renvoie une image à la fois décapante et cynique de la scène politique.
Roger Stone apparait comme l'inventeur de concepts antédiluviens ("la majorité silencieuse", entre autres) et de rhétoriques infamantes reprises en chœur par l'actuel résident de la Maison-Blanche. Mais également l'observateur "éclairé" des outils à disposition pour occuper l'espace médiatique. Effrayant de voir que derrière les figures républicaines contemporaines (Nixon, Reagan, Bush et Trump), il y a un homme qui parvient à se saisir des inquiétudes pour les manipuler.
Le film de Dylan Bank, Daniel DiMauro et Morgan Pehme regarde leur sujet (Stone) comme un curieux animal. Un monstre de spectacle, expert baratineur et égocentrique patenté. Un "agent du chaos" (dixit lui-même) qu'il s'emploie à répandre pour mieux maîtriser le débat. On en rirait presque si un tel personnage n'avait participé à la victoire de politiciens aussi malhonnêtes et à de programmes aussi détestables. Get Me Roger Stone ne dépareillera pas aux côtés de Vice, qu'on peut envisager comme le cousin incestueux.
Difficile de ne pas se réjouir en sachant que le vieux loup de la politique qui aime parler de lui à la troisième personne s'est fait coincer. Condamné pour mensonge devant le Congrès (dans le cadre de l'ingérence Russe), le gus passera 3 ans derrière les barreaux. Une petite consolation, mais ne vous réjouissez pas trop. Il n'y a rien que le lascar aime plus que d'être détesté.