Après avoir vu Get Out, je ne risque pas de louper le prochain film de Jordan Peele. Enfin un film qui sort de l’ordinaire, avec un scénario original et une proposition soignée et audacieuse qui envoi valdinguer six pieds sous terre les éternels reboot, remakes et adaptations en tout genre !


Les deux acteurs principaux sont impressionnants et quasi inconnus. Pour ma part, je ne connaissais pas Allison Williams mais c’est une belle découverte… quant à Daniel Kaluuya, c’est une confirmation (pour rappel, l’excellent acteur de l’épisode emblématique (1x02) de la série Black Mirror)


Je ne savais pas à quoi m’attendre en allant voir Get Out mais une chose est sure, ce n’est pas un film d’horreur ! Certes, de l’horreur il y en a mais le film se rapproche beaucoup plus d’un thriller satirique qui tend à prouver qu’il n’y a rien de plus terrifiant que le blanc immaculé ! Et en sortant de Get Out, je me suis dit mais qu’est-ce que j’ai vu ? Ce film est génial ; à la fois, thriller anxiogène, farce grimaçante à l’humour grinçant et satire maligne d’une Amérique profonde qui n’enterrera jamais son racisme sous terre.


La scène d’ouverture du film nous plonge dans l’ambiance oppressante des quartiers sécurisés de la bourgeoisie blanche qui ne rassure pas du tout un jeune noir fringuant perdu au cœur de ces rues. Sa disparition ouvre le bal… un bal inquiétant qui n’augure rien de bon… un bal de l’horreur !


La scène suivante introduit le couple mixte du film qui s’aime depuis quelques mois et vient le moment où le photographe noir au corps d’athlète doit rencontrer sa belle-famille blanche… aussi blanche que sa petite amie qui le rassure en l’avisant qu’aucun d’entre eux n’est résolument raciste ! Papa, Maman devinez qui vient diner ? Rassurons-nous, ils ont tous voter pour Obama… hum hum, pourquoi insister sur ce dernier point… ?


Le couple s’éloigne de la ville hétéroclite pour s’enfoncer dans la campagne bien isolée de cette Amérique profonde où le racisme ordinaire opère comme un bon vieux refrain qui s’enracine au fond du crâne. Le jeune Chris va alors pénétrer inexorablement dans un monde qu’il n’imagine que trop bien… malheureusement.


Dès son arrivée, le spectateur plonge, à travers les yeux hallucinés de Chris, dans un univers anormalement courtois, à l’atmosphère étrange où tout semble monstrueusement beau… monstrueusement caché. Sous le vernis, cette hypocrisie polie met mal à l’aise et la paranoïa s’installe au même titre que le mépris doucereux. Dès lors, l’attitude mielleuse de sa belle-famille, un peu trop ravie de le recevoir, devient gênante à la limite de l’insupportable et Chris s’enferme dans un cauchemar communautaire où il semble être le seul équilibré à la ronde.


Outre le comportement outrageusement révérenciel de sa belle-famille, Chris remarque que tout le personnel, noir en l’occurrence, semble aseptisé, baignée dans une inquiétante léthargie où tout ne passe que par l’échange de regards lourds de signification.


Et les ballets nocturnes de Chris n’arrangent pas les choses… Des tableaux de plus en plus flippants défilent sous ses yeux jusqu’à la séance d’hypnose orchestrée par la belle-mère (interprétée par l’épatante Katherine Keener) et qui nous offre au passage l’une des plus belles scènes du film (et au-delà, l’une des plus belles scènes cinématographique sur l’hypno-thérapie ; la réalisation est impressionnante). Chris glisse alors lentement au fond du fauteuil et sombre, impuissant, dans les méandres de l’oubli… pris au piège de ses propres démons. La torture mentale prend tout son sens et Chris ne joue plus du tout. Il n’y a pas de refuge lorsque l’esprit lui-même est prisonnier de ses peurs primaires.


Puis, vient la fameuse Garden Party à laquelle toute la communauté blanche des environs est conviée et qui n’a de cesse d’exprimer son racisme latent. C’est au cours de cette réception que Chris va réaliser que fuir est la meilleure des options : Get Out ! Une étrange rencontre à glacer le sang va subitement sonner toutes les alarmes internes de son corps… Mais où sommes-nous tombés ??? L’effroi est palpable dans toute la salle de cinéma qui reste pétrifiée par cette révélation macabre qui sonne décidément le glas !


Chris décide de partir et sa petite amie Rose le soutient… mais l’horreur ne fait que commencer et je ne vous en dis pas plus.


Pendant ce temps, une séance de Bingo, pas si improvisée que ça, se déroule au fond du jardin aux allures de vente aux enchères qui nous prouve encore que le passé n’est pas si loin que ça…


Ajouté à l’épouvante, une bonne dose d’humour (et le meilleur ami de Chris donne vraiment du sien), Get Out sort incontestablement de l’ordinaire malgré ces curieux mélanges. La fin est certes un peu étrange mais je vous laisse juge. Elle ne m’a pas gênée.


En conclusion, Get Out est un petit bijou : une pépite Noire dans l’univers Blanc qui consacre un redoutable pamphlet sur le racisme dotée d’une habile métaphore sur l’esclavagisme dont one peut ressortir que lourdement affectés. Jouissif, Drôle, Angoissant… Get Out est un OVNI du cinéma qui a su mettre en transe toute une salle de ciné tour à tour horrifiée ou hilarante.


K.

Nerak
9
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le 11 août 2017

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