Retour sur cette première incursion de Brian De Palma au coeur de l'industrie hollywoodienne : le méconnu et dispensable Get to Know your Rabbit, échec critique, commercial et personnel du futur réalisateur de Scarface et de Carlito's Way, lequel n'est parvenu à imposer sa vision aux producteurs de la Warner au point de se trouver littéralement dépossédé de son film in fine.


Effectivement oubliable cette comédie anecdotique ne ressemble que peu ou prou au cinéma de Brian De Palma ; si l'on y distingue quelques effets de style annonçant ses futurs chefs d'oeuvre ( notamment un split-screen visiblement traité par-dessus la jambe ou encore une utilisation assez virtuose de la plongée en top-shot, scandant intelligemment le décor au gré du générique d'ouverture...) on a beaucoup de mal à déceler la touche du réalisateur. Souvent platement cadré, parfois proche d'une certaine forme de théâtre filmé Get to Know your Rabbit ne réserve que très peu de flamboyance et finalement beaucoup de lourdeurs. L'humour du film - souvent construit autour du protagoniste incarné par Tom Smothers - fait parfois penser aux premières comédies sophistiquées de Woody Allen et préfigure vaguement la causticité imputable aux figures du cinéma des frères Coen ( un film comme Le Grand Saut doit sans doute quelque chose à Get to Know your Rabbit ).


Sans réellement passionner ni même amuser a minima cette production Warner manque cruellement de panache, malgré quelques très bonnes idées ( on y remarque, hormis les effets inhérents au style de Brian De Palma, une utilisation assez séduisante de l'ellipse et de la transition narrative ). Le film se laisse suivre mais ne captive jamais, trop disparate dans ses intentions et formellement assez brouillon. On comprend aisément l'amertume du cinéaste à l'égard de cette satire plus proche du pétard mouillé qu'autre chose, tant les moyens mis à sa disposition semblent avoir été sabordés par la Warner ; elle reste néanmoins une curiosité assez sympathique, ratée certes mais importante pour tout aficionado digne de ce nom. Intrigant.

stebbins
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le 25 juin 2018

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