J'ai préféré cet animé Ghost In The Shell de 1995 à son remake de 2017.
Pourquoi?
Le film va plus loin. Là où le remake de 2017 est torturé et semble restreint par son propre univers, ce Ghost In The Shell de Oshii ne prend pas comme aquis, son univers. Il va plus loin dans le sens où il ne prend pas son spectateur pour un con ni pour un enfant. Le sang gicle autant que la profusion de questionnements existentiels. Le corps nu de Major est montré pour insuffler au spectateur le caractère pur du personnage. Une femme: créatrice de la vie. Un personnage parfait, presque sans faille auquelle on n'arrive pourtant à s'attacher. Alors pourquoi n'y arrivait-t-on pas dans le remake?
Le personnage de l'animé semble plus intelligent que celui du live action. Il se pose des questions existentielles, essaie de comprendre son existence et son but, comme n'importe lequel d'entre nous en fait. Il se pose des questions que l'on se pose tous, en soit, Major nous ressemble. On peut retrouver une part de soit dans le personnage, c'est pourquoi on s'y attache.
Pareil pour Batou qui a une prestance, du charisme et pas mal d'humanité. Pourquoi? Parce qu'il semble dépassé par l'intelligence de son ami. Il sait qu'elle est parfaite et qu'il ne l'est pas. On peut ressentir en lui une sorte de jalousie bienveillante qui l'amène à suivre et à protéger Major en toute circonstances. Celui-ci comprend sa démarche et l'accepte. Batou est l'homme qui comprend la machine. Il est le guide pour nous, spectateur, vers l'acceptation de l'évolution de la race humaine représentée dans le film par Major, vers la machine.
La fin du film va jusqu'à nous montrer l'acceptation de Major du monde informatique et déshumanisé. Au lieu de chercher à prouver qu'elle existe en tant qu'être humain ayant une conscience, elle choisit d'approfondir ce qui la compose dans sa grande majorité à savoir: la machine. Elle choisit l'evolution au dépend de l'homme.
En fusionnant avec l'entité IA appelé "Puppet Master" dans le film, Major arrête d'être une marionnette.
Je pense que c'est ça le message du film. L'homme est la marionnette de la machine. Il s'améliore grâce à elle jusqu'à se délaisser du corps humain. Il va jusqu'à mettre son cerveau dans un "shell": une coquille, en soit, une amure/un robot. L'homme a-t-il encore une âme s'il ne reste que son cerveau? Que ressentit-il sans corps humain?
Je pense que ces questions viennent du fait que notre espèce a toujours évolué en se servant de l'outil. L'univers que dépeint le film est un univers dans lequel l'outil a pris le pas sur l'homme. Plus personne ne semble avoir le contrôle sur la machine. Maintenant que l'outil fait l'homme et plus l'inverse, nous nous demandons si cette évolution vers la machine est vraiment notre évolution naturelle. En effet, rien ne semble être naturel dans un outil tel que la machine.
La scène de fin montre ce robot, à l'aspect très "mécha" et ne ressemblant en rien à un être humain, tirer sur des fossiles et des fresques en essayant de viser Major à l'intérieur de ce qui semble être un musée d'histoire naturelle. Avec cette scène, le film ne dit pas que la machine détruit l'homme, il dit qu'elle détruit son passée ou du moins, elle le remet en question. L'image significative des impacts de balles sur l'arbre chronologique gravé dans le mur montre que l'homme doit oublier son passé pour continuer d'évoluer. L'homme doit renoncer à sa propre définition de l'homme par rapport à ce qu'il sait de son évolution afin d'aller de l'avant. Il doit épouser la machine au lieu de la repousser ou bien celle-ci le détruira. La machine ne peut qu'évoluer et elle le fera avec ou sans l'homme. Le choix que fait Major à la fin du film est un choix de survit. Le film dit lui-même qu'il n'y a pas de différence entre le but de survit d'un programme de défense et le but de survit gravé dans notre ADN.
Major choisit sa survit: l'homme et la machine ne font plus qu'un.