Motoko plonge dans le vide, en quête de son humanité. Prête a laisser sa "fonction" de côté pour trouver ses réponses. Qu'est ce qui fait la symbiose du corps et de l'esprit / de la machine et du Ghost ? Le major Kusanagi n'est-elle qu'un soldat, une machine, une fonction ; ou est-ce une personne ? Batou s'inquiète et l'observe mais elle lui file entre les doigts. Cette étrange amitié, distante et sincère, nous persuade d'une chose : Les cyborgs ressemblent d'avantage aux humains qui les ont créés que prévu.
Au fil de l'enquête, on découvre l'univers cyberpunk gravitant, les masses d'êtres humains, les bidonvilles, les rues sombres et crasseuses, un futur proche assez crédible. Un cyberpirate est recherché pour terrorisme et détournement de données informatiques. Très vite, on se rend compte que la clé de l'enquête est également ce que Motoko s'imagine être la sienne. Qui est ce PuppetMaster et pourquoi sent-elle qu'elle doit le trouver, seule ?
Ce film contemplatif nous permet de plonger avec elle au coeur de ce qu'elle semble ressentir, de son propre vide et de ses questions métaphysiques. De nous poser les questions à nous même, même si on se les avait déjà posées.
Et si on nous implantait tous nos souvenirs dans un autre corps, saurions-nous s'il est réellement le notre ?
Notre âme subsiste t-elle après la mort ? En quoi consiste t-elle ? Peut-on se réincarner ? L'intelligence artificielle peut-elle dépasser l'intelligence humaine ? A t-on besoin d'un corps pour exister ? Que sera t-il possible de faire avec la technologie et les réseaux ? Allons-nous transformer les êtres humains, créer de nouvelles formes de vie artificielles, se prendre pour Dieu ? Qu'est ce qui fait que je suis moi ?
C'est avec la scène où le corps de Motoko se brise qu'on a vraiment cette sensation du vivant dans la machine. Tout le film jusqu'à ce moment floute les limites entre le virtuel et le réel : l'organique et le mécanique sont trop souvent mélangés pour être dissociés, on ne sait plus combien de cyborgs pour combien d'humains. Et ceci est mis en place dès le départ par la "naissance" du major.
Les thématiques abordées sont au final assez classiques mais mises en scène dans ce film, elles nous poussent a visualiser ce qu'on avait peut-être du mal à cerner avec des mots.
La musique de Kenji Kawaï est frissonnante, et le doublage (pour une fois réussi) permet d'apprécier le film en français. Les voix graves de Batou et Kusanagi donnent une dimension dramatique aux dialogues, en font des personnages aux apparences inébranlables et pourtant doués d'une sensibilité qu'ils ne comprennent pas. Des scènes mystiques et planantes, entrecoupées d'actions rythmés, on ne s'ennuie pas. On se laisse volontiers emmener dans le chaos de la ville, dans cette quête identitaire devenue la notre.
Un film poétique a voir plusieurs fois pour ne rien louper.