Je vais profiter de cette critique Ghost in the Shell pour m'offrir une seconde partie parlant d'une de mes plus grosses frustrations avec cette franchise.
1ere partie : la critique :
C'est mon troisième visionnage de Ghost in the Shell : le film était passé à minuit sur M6 en l'an 2000 et c'était à l'époque une petite révolution au lycée : "Ils vont passer un manga la nuit ?" (Oui, on disait "manga" pour parler des dessins animés.) C'était l'un des rares animés à avoir une sortie cinéma et il était déjà nimbé d'une forme d'aura culte. Évidemment c'était en VF, et évidemment j'avais manqué le début, mais je gardais le souvenir d'un film un peu complexe à suivre mais intéressant.
Quelques années plus tard, alors que je suis étudiant, je m'achète le film en DVD dans l'édition "Manga Mania DVD" qui permettait d'acheter des DVD de films d'animation pour 2 euros chez le marchand de journaux. J'apprécie beaucoup plus le film, d'autant plus que j'ai des points d'accroches bien plus intéressants.
L'idée ici, c'était de faire découvrir ce film à ma copine, celui-ci étant toujours culte. Je m'attendais à ce qu'elle décroche complètement, mais à bien y regarder, la trame reste assez claire si on fait abstractions de dialogues un peu abscons, d'un sous-texte politique franchement opaque et qu'on saute le technoblabla (le film n'explique jamais clairement ce qu'est un Ghost alors que c'est au coeur de l'intrigue et il faut se mettre dans la tête que 99,9% des personnes de ce monde possèdent un cerveau positronique.) Celle-ci m'a dit avoir compris le film mais que ce genre de SF froide et basée sur la technologie (la "hard science") n'était pas du tout sa tasse de thé. Et je peux le comprendre.
Du coup, j'ai bien apprécié ce revisionnage : le film a un poil vieilli notamment dans sa façon de montrer le cyber (ces lignes de codes vertes sur fond noir, les images radars nimbé d'un vert fluo étrange, les mecs qui utilisent des cabines téléphoniques, etc...) et on sent que la réalisation notamment témoignait de l'envie de faire "un film qui fasse adulte" mais ça fonctionne. Du coup, ça en devient un peu austère, notamment les dialogues philosophique tristounets mais c'est aussi une grosse force : ce film tranchait totalement avec ce qu'on avait l'habitude de voir.
L'animation est toujours assez bonne, y compris dans les trucs un peu dégueu (ces corps arrachés sous le choc des balles) mais y a des scènes de foules, et les scènes de baston sont efficaces. On sent qu'ils étaient bien content d'avoir des personnages robots qui bougent pas les lèvres et des combattants que l'on ne voit pas, mais au fond, j'aime la façon dont les combats contre des combattants invisibles on voit la caméra en train de bouger et de suivre quelque chose qu'on ne voit pas.
Et puis les scènes contemplatives sont toujours chouettes : la B.O. de Kenji Kawai fait grave son effet, et j'avais oublié cette scène de course poursuite à la toute fin où au lieu de cutter sur de musiques speed et des plans épileptique sur la vitesse des voitures, on fait l'inverse, avec de la musique calme et des plans vus de haut. Et c'est le moment où Mamoru Oshii ne s'était pas trop perdu à faire des films philosophique et incompréhensible, du coup, j'aime encore assez.
Est-ce que je le montrerais à des enfants ? : Non ? Pourquoi je ferais ça ?
Possibilité de remake/suite : voir seconde partie
Le détail qui m'agace : Alors, ok, si le major se met à poil c'est pour enfiler une combinaison lui permettant d'être invisible... sauf qu'en fait, on s'aperçoit que pour les mecs, y a pas besoin d'être nu et que cette technologie peut rendre un char invisible de toute manière. On a quand même pas mal de femme à poils avec des tétons qui pointent, ça doit être obligatoire si t'es un robot ou quelque chose comme ça.
Suis-je le seul ? A ne jamais rien piger au sous-texte politique qui parle de république fictive en conflit avec un japon du futur. En réalité ça embrouille toujours tout le monde ce genre de dialogue tout ça pour se montrer "sérieux."
2eme partie : A quand la suite ?
Cette partie ne parle non plus du film, mais de la franchise dans sa globalité et j'y spoile un peu tout, du coup, vous voilà prévenu.
A la fin de Ghost in the Shell :
Le Major et le Puppet Master ont fusionnés pour devenir une nouvelle identité. (Ce qui a un peu stupéfié ma copine : pourquoi l'héroïne accepte t-elle de fusionner avec une personne qui a lavé le cerveau de gens au point de les rendre totalement amnésiques ? Le Major n'est pas forcément une personne gentille je crois : elle a suivi une voix qui lui permettait enfin d'évoluer.)
Cette fin est aussi celle du manga de Masamune Shirow, et il est sous-entendu, dans le dialogue que Puppet-major tient à Batou qu'ils vont se recroiser à l'avenir. Et c'est plein de questions intéressantes : quelle est l'avenir de cette nouvelle entité ? Va-t-elle devenir un hacker ? Va t-elle entrer en contradiction entre ses deux valeurs ? Et arriveront-ils a se reproduire (la question était lancée.)
Or, on ne répondra jamais à ces questions.
Dans le film suivant, Ghost the Shell 2 : Innocence :
l'accent est plus mis sur Batou même si celui-ci est visiblement, comme nous, à la recherche du Puppet-major. Celui-ci apparait en fin de film, mais c'est plus sybillin qu'autre chose et au final c'est assez insultant.
J'avais lu le manga original de Masamune Shirow (pas mal) dans le but de lire le tome 3 estampillé au japon "Ghost In the Shell 2" et sortit en 2001, en espérant qu'il me permettrait de répondre à mes questions, mais ...
ha ha.... c'est vraiment nul. Rien n'est expliqué, et le personnage du Puppet-Major semble être juste devenue une hackeuse qui prend des poses lascives en plongeant les lecteurs dans du technoblabla et des cases en images de synthèses moches. Au point que certaines personnes (dont moi) ont l'impression qu'il s'agit d'un personnage totalement différent et n'ayant rien à voir.
A noter que j'ai galéré sur Sens Critique a retrouver la critique que j'en avais faite il y a quatre ans tant ce manga est noyé sous les changements de titre : "Man Machine interface" et autres rééditions hasardeuses sous le nom de Perfect Edition.
La série Stand Alone Complex ? Elle se passe avant les événements du premier film. (Je me rends compte que j'aurais du la montre à ma copine, tant la série est quand même grave moins austère, et puis il y a les Tachikoma ). Arise ? Pareil, elle se passe même avant cette STAC.
Le remake de 2017 ? Je ne l'ai pas vu, justement parce que je me dis "bah ça va se finir de la même manière que le film de 1994" et a ce que j'ai compris... c'est le cas.
Sans parler de Ghost in the Shell 2.0 qui est.... juste une version retravaillée et remastérisée du film de 1994.
Du coup, je suis dépité, c'est la seule franchise qui a 5 ou 6 itérations, dont trois labelisée "n°2".... sans avoir aucune vraie suite. C'est frustrant !