Ghost in the Shell peut être une déception ou une révélation. Car il contient tout, ou presque, de l'essence cyberpunk. Impression de déjà-vu. Chainon manquant entre la littérature gibsonnienne, qui l'a nourri, et le cinéma post-Blade Runner, qu'il a inspiré, l'oeuvre de Oshii est un condensé de réseaux informatiques, de cyborgs, de piratages, d'intelligences artificielles et de questions métaphysiques sur la nature de notre conscience et la prochaine étape de notre évolution. Et c'est là où se situe la révélation: Ghost in the Shell pose les bonnes questions avec une finesse rarement vue dans ce type d'histoires.
Plus qu'une sympathique enquête de science-fiction, le film a avant tout valeur de longue méditation. Chaque élément est transcendé afin de maximiser l'immersion introspective: malgré le poids des années, les dessins sont d'une finesse et d'une richesse étonnantes (je ne me lasserai jamais de contempler les innombrables détails des décors); la musique, bien que parcimonieuse, résonne comme une mélopée mystique et ancestrale; les dialogues, crédibles et matures, sont brillamment interprétés aussi bien en VO qu'en VF (ce qui est assez rare dans le monde de la japanimation pour le souligner)...
Dommage que le tout soit si court, si condensé et que les personnages secondaires soient à peine brossés, toute l'attention du réalisateur s'étant portée sur la quête d'humanité du Major Kusanagi. Heureusement, ce que l'on perd en explications et en précisions sur le manga originel de Masamune Shirow, on le gagne en onirisme et en exploration philosophique. Au bout du chemin, peut-être l'une des meilleures définitions de la vie qu'il m'ait été donné d'entendre.
A tous ceux qui voient au travers d'un miroir, obscurément, mais qui savent qu'ils verront bientôt face à face.