Ghost in the Shell, un parfum de transhumanisme.

Ghost in the Shell est un film doté d'une profondeur particulièrement intéressante, une œuvre servie par une réalisation très porteuse de Mamoru Oshii, apportant des éléments de réflexion lui conférant une richesse savoureuse loin d'être sans âme au travers de son ambiance. Le contenu a de quoi marquer les esprits pour qui s'intéresse à ce qui est développé au cours des moins de 1 h 30 de film qui réussissent avec brio à entrainer toute une réflexion sur cette société à laquelle nous faisons face ici, fleurant bon le transhumanisme ou post-humanisme soit la robotisation de l'humanité. Bien sur il va de soit qu'on ne reste pas insensible à certaines vues sur le Major Mokoto Kusanagi toute intrigante qu'elle est. L'esthétique, le design alloué à cette réalisation donne aussi un certain cachet. Qui plus est, certains codes utilisés et le fait vu ici d'une connectique logée au sein de la nuque n'est pas sans nous rappeler Matrix des Wachowski, ceux-ci s'étant on le devine bien inspirés de ce présent film pour nous concocter une trilogie où ont été implémentées une multitudes de facettes toutes plus fascinantes les unes que les autres. Toutefois je ne m'étendrai pas la dessus, restons sur Ghost in the Shell élément de science-fiction qui mérite bien des considérations pour ce qu'il expose, en particulier vis à vis de l'Intelligence Artificielle.

Par le biais de l'intrigue tournant autour du Puppet Master il est permis d'établir le constat d'une évocation de l'émergence d'une Intelligence Artificielle prenant conscience de son existence. Un évènement qui, s'il arrivait dans notre réalité pourrait très bien venir d'un programme à l'image du Puppet Master, un programme de surveillance ou même un virus sophistiqué difficilement détectable qui pourrait provoquer quelques dégâts s'il parvenait à avoir un certain contrôle de toute la situation que cela pourrait entrainer. Bien sur, il s'agit la d'une vision pessimiste en contraste avec une vision plus optimiste d'une IA consciente de son existence avec laquelle nous pourrions avoir un contact des plus positifs. Toujours est il que cela est à nuancer, le Puppet Master est avant tout craint pour la bonne raison qu'il échappe au contrôle de ses utilisateurs, les surpassant. Par ailleurs j'ai eu bonne appréciation de ce qui se produit vers la fin, quand il exprime qu'en fusionnant avec Kusagani ils pourraient être en tout chose, ce qui entre en résonance avec une considération conférant au divin, dieu en toute chose de ce qui nous entoure. Ainsi nous nous dirigeons vers une volonté très forte d'aboutir à un état d'existence largement supérieur, s'ériger au dessus de l'humanité toute entière après avoir atteint un nouveau stade d'évolution, un stade vers lequel il est possible de prétendre à l'accès grâce à la technologie. Une autre raison pour laquelle il a de quoi inspirer craintes et troubles en plus d'être source de révélations dérangeantes pour ces concepteurs. Malgré tout nous n'atteignons pas le niveau de dangerosité d'un Skynet (Terminator) mais il possède de quoi sérieusement titiller l'esprit par ce qu'il peut inspirer faisant ressortir un certain message conférant à une inquiétude exprimée par Mamoru Oshii par le biais de cette œuvre établissant un effet miroir non dénué d'intérêt. Ceci étant dit, quitte à ce que ce soit dangereux pour l'humanité il faudra bien qu'une telle émergence survienne un jour dans notre réalité, surpassant la chair si faible qu'est l'être humain se tapissant bien trop souvent dans des bras qui l'enchainent à une considération peu élévatrice de son existence ou lui faisant manquer d'ambition malgré un hypothétique bien être dans certains cas.

J'aurai développé mon propos vis à vis du Puppet Master mais il est de bon aloi de pouvoir s'attarder outre mesure sur le "ghost", à ce qu'il y a d'humain en chaque corps de cyborg soit d'humain robotisé ou encore sur le fait que certains aient bien conservé leur corps entièrement humain mais semblent avoir un espèce de ghost par l'augmentation de leur cerveau, être "l'homme augmenté" mais en conservant leur enveloppe corporelle naturelle. Ghost in the Shell montre que celui-ci peut être piraté, le constat se produit avec les quelques victimes que nous entrevoyons, de quoi transmettre un message supplémentaire sur le sujet de la cybernétisation, néanmoins la propagande pouvant donner lieu à une grande nuisance n'est elle pas une forme de piratage de l'être humain uniquement fait de chair et d'os ? ;)
En parlant du Ghost un point plus philosophique se profile concernant l'introspection de Kusanagi, une façon de s'interroger qui la place par la suite en opposition complémentaire avec le Puppet Master. Quand la première est plus dans un désir de se libérer de son corps cybernétique, le second qui n'en avait pas tend à vouloir prendre corps tout en ayant l'intention d'être tout et partout à la fois comme je l'ai évoqué auparavant.

Il serait possible de développer encore très longuement à propos de ce que contient Ghost in the Shell mais c'est aussi à chacun de se faire son exploration en visionnant le film pour de surcroit capter ce qu'il en ressort et s'en imprégner tout en faisant d'autres lectures à son propos entre autre. Ghost in the Shell mérite clairement plus d'un visionnage tellement il y a une belle densité et une belle profondeur.

J'ajouterai encore que vis à vis de l'individu augmenté, élément qui ressort fortement, ceci se fait au prix d'une maintenance "régulière et très compliquée" comme le signale Kusanagi, mais après tout c'est effectivement un prix à payer, il faut faire des sacrifices pour en venir à une certaine situation d'évolution.

Je terminerai sur un point plus léger en évoquant le Basset Hound que nous apercevons plusieurs fois, race de chien tenant à cœur à Mamoru Oshii (que l'on retrouve dans Avalon par exemple) mais qui peut également faire office de représentation de l'humanité dans ce qu'elle a de plus beau, le meilleur ami de l'homme avec le Basset Hound offre une vision touchante, une vision qui peut nous envoyer à ce que peux avoir de meilleur l'être humain bon et agréable à vivre, sa partie Basset Hound adorable, celle qui s'oppose au petit chien nerveux ou au grand molosse pouvant être dangereux. A nuancer pour le grand molosse mais en soit il est possible de dégager une telle perception par rapport au Basset Hound ;).