J'ai étalé mon amour pour Ghost in the Shell suffisamment pour, j'espère, avoir convaincu que j'appréciais cette série. Ho que oui. Étrangement, le cyberpunk d'il y a vingt ans surfait avidement sur la partie "punk" pour présenter un futur en complète déliquescence sociale, alors que le cyberpunk de maintenant aura tendance à être d'abord très lissé, très aseptisé, pour étoffer la dystopie. Entre, il y aura eu GitS, avec son approche militarisé, son contexte politisé et la fin prématuré de tout l'ascendant "punk", qui sera ici plus à lire comme une exploration des travers d'une société par sa technologie. Mais devrait-on encore parler de cyberpunk quand on fait référence à GitS ou de "hard SF" ? Bon, là n'est pas la question : de toute façon, "Ghost Stand Alone" est un morcif différent et un pavé dans la mare fictionnelle de GitS. Entamée il y a un moment, sur une idée de reboot, Arise voulait proposer l'origine de la Section 9, unité d'assaut cybernétique emmenée par le Major Kusanagi, jeune femme au physique certes avenant, mais cybernétisée elle-même.

Si les deux premiers volets avaient peiné à convaincre, le troisième avait tenté de repiquer un peu partout, dans la série 2nd GIG ou dans les films pour tenter de raccrocher sur le tard l'ambiance d'un "vrai" GitS. Ainsi, on avait là un épisode pas trop mal, encore bien en deçà du potentiel de la série, mais qui relevait la sauce énergiquement. Le dernier volet tente de surfer lui aussi sur cette nouvelle ligne de conduite, qui tranche un max avec la piste explorée par le passé. On se retrouve dans ce nouvel épisode avec une intrigue basée sur des chassés-croisés politiques et un hacker bizarre, pantin d'un complot ourdi par des parties aux intérêts divergents. Le gros souci, c'est qu'assez vite, l'oeil averti reconnaît des gimmicks qu'il connaît déjà et non des moindres... Ronondidju, mais elle saute par la fenêtre et disparaît grâce à son camouflage optique, chutant dans le vide en lançant un dernier regard, froid et serein, sur sa cible. Dites, ce serait pas un peu un repompage direct de l'ouverture du film, des fois que ?

Ça serait presque passé pour un hommage, seulement bon, avec le manque d'ambition affiché par les deux premiers métrages, cela fleure plus clairement du copier-coller éhonté. Parce qu'au final, cet opus est clairement un remake qui ne s'assume qu'à moitié du premier film, narrant l'affaire du puppet master. On y retrouve à nouveau une entité matricielle bizarre avec laquelle le Major va entrer en contact, les intérêts de l'armée tout autour qui tente de restreindre voire de condamner l'enquête et la révélation finale interrogeant l'humanité. On retrouve même de l'ouvrage de tank à s'en péter le bras, marque de fabrique officielle de Motoko. C'est un peu rude, là, quand même. D'autant que le principal intérêt de l'arc Puppet Master relevait surtout de la façon dont il touchait personnellement le personnage de Kusanagi, qui était présenté comme une jeune femme sans état d'âme, commençant à s'interroger sur son humanité. Ici, pas trop le temps de disserter sur les rapports Ghost-âme, on a du complot à désamorcer !

On se retrouve donc à apprécier certes cet épisode, mais davantage pour ce qu'il reprend du métrage fondateur que pour ce qu'il apporte. Parce qu'au final, qu'apporte-t-il vraiment ? L'équipe, on la connaît, et dans le dernier métrage, elle est pleinement constituée - mais ne s'appelle pas encore la Section 9, quelle honte. D'ailleurs, à part Batou et Togusa, les deux limiers de terrain - et certainement les seconds rôles les plus travaillés dans les précédentes oeuvres - aucun personnage n'aura réellement de présence à l'écran. Genre Ishikawa, que j'aime pourtant beaucoup, et qui est cantonné à son rôle de donneur de news pécho sur le réseau. Ça aussi, c'est bien rude ! Les situations, on les sent bien venir, tant, de toute façon, on voit le parallèle clair entre ce qui a été fait avant et ce présent opus. Alors quoi ? Quel était l'intérêt de refaire une seconde fois la même chose ? Proposer une entrée en matière aux nouveaux-venus dans cet univers ? Mieux vaut pour eux s'intéresser aux films puis à la série, dans ce cas : une troisième approche de l'univers n'est peut-être pas une bonne introduction...

Bizarre, vraiment. "Arise" n'aura pas réellement tenu ses promesses, se fourvoyant quand la série tente de faire de l'intime sur Kusanagi, se fourvoyant encore quand elle tente de fonder l'unité, pour finalement répliquer les gimmicks des précédents opus sur le même univers pour produire deux épisodes décents. On pourra réellement s'interroger sur la façon dont le travail de production a été effectué - que se soit en amont quand il a fallu pitcher la série en devenir comme lors du travail sur chaque épisode, quand la décision a été prise de refaire quasiment à l'identique l'arc du Puppet Master. Et quand on apprend qu'un reboot du premier film est prévu pour cette année, on pourra réellement douter de la capacité de nos braves amis nippons à réaliser à nouveau quelque chose de qualité dans cet univers... Mais rendez-nous Stand Alone Complex, bon sang !
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le 26 janv. 2015

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