Ghost Rider est une véritable surprise: en effet, dans notre société si individualiste, c'est touchant de constater qu'il existe encore des gens solidaires, qui s'entraident. Hé oui, bravo à toute l'équipe technique, au réalisateur, aux acteurs, qui ont réussi tous à être pitoyables de telle sorte que Ghost Rider atteint une régularité touchante dans la médiocrité.
Mes félicitations s'adressent en premier lieu au producteur bien évidemment qui arrive à financer cette merde à hauteur de 120 M de dollars: tout cet argent a du disparaître dans les cachets de Nicolas Cage et Eva Mendes, car si vous comptez voir des effets spéciaux crédibles il faut vite passer votre chemin. Les images de synthèse sont pathétiques, probablement une seconde équipe s'en est occupé entre deux gorgées de Red Bull et un concours de lancer de cacahuètes.
On se dit que le producteur n'est pas fou: s'il a investi autant d'argent c'est parce qu'il a été convaincu par le scénario. Rédigé par David S Goyer....Oui,oui celui qui a co-scénarisé The Dark Knight. Sauf que le bonhomme a vraiment pondu un pur scénario, respectant le comic book, mais jugé trop sombre et horrible par les producteurs. Résultat: Marc Steven Johnson, réal du film réécrit tout (rappelons que le tâcheron est déjà l'auteur du script de Daredevil et Elektra) et on se retrouve avec une espèce de sitcom débile, complètement édulcoré. Ghost Rider devient un gentil héros, bouffant des bonbons et écoutant de la musique qui ferait frétiller les abonnés de Télérama, et protège sa belle des méchants booooouuuuuu, J'en ai les larmes aux yeux tellement c'est beau... Il faut quand même savoir qu'à la base Ghost Rider c'est un anti héros, une sorte de cavalier de l'Apocalypse déchainé qui sème la terreur pour faire régner la justice par tous les moyens (comme The Punisher), butant des mecs en se marrant, clope au bec et binouze à la main. Ici, rien de tout cela, faut pas déconner. Dire que le film a été interdit aux -13 aux USA....
Mais cette interdiction a certainement un rapport avec le traumatisme de voir le jeu involontairement comique de Nicolas Cage, avec sa moumoute Playmobil. Le bonhomme, habitué à cachetonner, a une idée de génie: prendre une tête....d'ahuri (WTF?!?!?) pendant 1h45, avec comme running gag le bras levé avec doigt accusateur chaque fois qu'un méchant vient lui parler. La scène la plus drôle se situe dans la transformation de son personnage en Ghost Rider: rire machiavélique, yeux écarquillés, une caricature comme on en a plus vu depuis les films d'épouvante de la Hammer.Je passe sur Eva Mendes, sorte de journaliste bimbo, qui....euh....ben en fait voilà c'est ça son rôle, elle n'a rien d'autre à foutre pendant tout le film, enfin si elle déboutonne un peu son chemisier et porte des tenues moulantes, histoire de bien nous rappeler pourquoi elle a été choisie. Quand aux bad guys, entre un Mephisto digne d'une série Z et son fils gothique métrosexuel sortant tout droit de Twilight (quand il arrive quelque part les lumières s'éteignent...comment arriver à rester sérieux devant ça?), je ne suis pas arrivé à décider qui me faisait le plus pitié des deux.
Tout le monde se met donc au diapason, et le chef d'orchestre a évidemment une place prépondérante dans cette entreprise. Marc Steven Johnson déploie l'attirail du réal' bidon, incapable d'avoir la moindre idée de mise en scène : direction d'acteur inexistante, réalisation à la limite de la faute professionnelle (le premier quart d'heure concurrence les pires séries Z produites, avec cette espèce de voix off), la production design est à la ramasse, les scènes d'actions quasi inexistantes (et quand elles le sont c'est tellement mou du genou et découpés n'importe comment qu'on attend avec impatience que ça se termine), bref le naufrage est complet. Le bonhomme arrive même à conclure son film en beauté avec un joli baiser devant la gravure « J+R forever » (hé ouais c'est aussi con que ça le film) , balance ensuite le générique de fin avec un remix de Killburn High Road que ne renierait pas David Guetta ou Will I Am....
Chapeau bas.