Une certaine mélancolie survient à la fin du quatrième volet des aventures de Nathan Drake : certes c'était la der des der (même si dans le jeu vidéo on sait déjà qu'un discours prononcé un jour peut être complètement différent le lendemain) mais pas que...
Si un sentiment de vide surgit, c'est aussi et surtout pour une raison évidente : comme tout va nous paraître bien fade après avoir joué au dernier bébé de Naughty Dog, comment arriver à se dire qu'il faudra de nouveau se farcir pléthore de titres moyens avant la prochaine étincelle (The Last of Us 2?)
Car dès le départ le constat est là et sonne comme une évidence : Uncharted 4 n'est pas seulement magnifique, c'est graphiquement le plus beau jeu de l'univers.
Les textures, le travail sur les lumières, la richesse des décors, la nature qui apparaît à l'écran comme jamais elle n'a été représentée auparavant : tout ce qui transpire du jeu de Naughty Dog est du domaine de l'excellence, sublime le jeu de bout en bout. Je ne parle même pas des cinématiques, pas tant dans l'interaction déjà formidable mais surtout le détail apporté dans les visages, la peau, les mouvements...C'est ce qui ressort vraiment de ce jeu, c'est le souci du détail constant qui anime les développeurs tout au long de l'histoire. Il faut le voir pour le croire, s'amuser pendant un ¼ d'heure à glisser comme un gosse dans la boue, juste pour le plaisir...Ou encore s'arrêter bouche bée devant les décors gigantesques, contempler l'horizon ou encore regarder bêtement la végétation qui s'agite au gré du souffle du vent....Et que dire, pour revenir aux cinématiques, du choc de constater que oui cette dernière est terminée et que oui c'est bien à nous de diriger notre héros.
Autre point fort, la mise en scène : là encore Naughty Dog a balancé toute ses dernières cartouches, ridiculisant tout ce qui se voit au cinéma aujourd'hui, repoussant encore plus loin les limites du jeu vidéo. On ne compte plus les scènes marquantes, ou encore des situations déjà vécu dans les précédents Uncharted mais qui, grâce aux capacités de la PS4, deviennent hallucinantes (les scènes classiques de course ou d'éléments du décor qui s'effondrent avec Nathan Drake). La console de Sony a clairement morflé (il suffit d'entendre le bruit), mais c'est pour son bien: aucun temps de chargement constaté, quand on voit le jeu on a de la peine à y croire...
On pense avoir tout vu, le chapitre d'après te fout une baffe encore plus grande: tu penses avoir le cul par terre après t'être balladé dans Madagascar en écoutant nos trois compères s'envoyer vanne sur vanne ? Tiens je te fous une scène de course poursuite (tout le monde l'avait vu à l'E3) qui te casse la mâchoire (après avoir au passage ridiculisé Assassin's Creed avec la population dans le marché) et ridiculise tout ce qui a pu être fait auparavant.
Le gameplay passe encore un cap à mon sens, oh certes on pinaille sur les gunfights qui restent toujours un peu raide, mais il y a une fluidité qu'on ne retrouve nulle part ailleurs, l'introduction de nouveaux éléments (grappin, glissades...) apporte une énergie et un punch qui participe à l'émerveillement qu'on ressent au fur et à mesure que le jeu se déroule.
Autre point très très positif: Naughty Dog a plutôt privilégié l'exploration et la découverte (PUTAIN ENFIN!!!!) au détriment des vagues d'ennemis. D'accord sur la fin c'est un peu ça, mais c'est plutôt logique et bien amené. Certains trouveront à redire sur les énigmes, mais sincèrement c'est plutôt le fait de réussir à se perdre parfois (si si, même si ce n'est pas un open world, parfois je me balladais au gré des chemins offerts par le jeu) et de tomber sur un paysage, une vue splendide, de sauter entre les roches pour trouver des endroits cachés.
Le scénario,
basé sur le retour d'un frère et une histoire de chasse au trésor
n'est pas original en soi, mais la caractérisation des personnages est remarquable. On sent l'influence des créateurs de The Last of Us, que ce soit dans la relation entre Nathan et Sam (très bien écrite,avec une utilisation judicieuse du flashback à contrario du troisième volet qui échouait dans cette tentative) ou même dans l'évolution des personnages de la franchise. Un Nathan beaucoup plus posé avec l'âge avançant, sans perdre ce qui faisait son charme à savoir la vanne facile, et une Elena qui devient curieusement la belle surprise en étant plus la jeune femme hystérique qui saoulait un peu mais laisse la place à quelqu'un d'équilibré, mature, qui n'est pas étranger à la métamorphose en douceur de notre héros.
Alors, oui, il y a quand même des petits défauts dans le jeu, tout n'est pas parfait. Mon seul petit bémol concernerait la fin,
peut être pas assez audacieuse à mon goût (sincèrement je voyais vraiment la mort de Sam, vers laquelle l'écriture nous amenait, en montrant au fur et à mesure de l'aventure que tous ceux qui sont obsédés par ce trésor meurent)
. Mais pourtant elle touche quand même, et clôt la franchise de belle manière
(on peut voir dans l'épilogue à la fois le principe de transmission entre Drake et sa fille, mais aussi dans l'armoire à souvenirs fermée à clés une façon pour notre héros de se ranger définitivement, d'ou le titre).
Mais rien ne peut entraver le plaisir incommensurable que j'ai pris durant l'ensemble du jeu, cette addiction que j'ai ressenti à ne plus pouvoir lâcher la manette, à me dire que non je voulais continuer avec Nathan, je voulais le voir sauter les corniches, se vanner avec le vieux Sully ou le frérot (l'écriture des dialogues, l'intelligence de la répartie, le double sens, mon dieu....).
Bref je pourrais en parler des heures, mais à quoi bon...
La maxime bien connue des Uncharted, à savoir 'La Grandeur des Petits Débuts', n'est plus d'actualité.
Aujourd'hui, elle sonne plutôt comme la 'Légende des Grandes Conclusions'.