Western martien
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Sur la mystérieuse planète rouge, notre voisine du système solaire, source de curiosités et d’interrogations, un nouveau monde tente de se créer entre le chaos et l’hostilité. Ambitieux terriens aux velléités coloniales, venus chercher de nouvelles terres à peupler, inconscients du mal qui les guette. Dans les airs, invisible à l’œil nu, se propage un mal destructeur, et ils se mettent à errer sur ces terres nues et désolées, comme des fantômes, the Ghosts of Mars.
Avant-dernier film réalisé par John Carpenter à ce jour, Ghosts of Mars a déjà bientôt vingt ans. Un film qui ne constitue pas un des grands coups d’éclat du cinéaste, qui semble avoir retrouvé ses repères dans un cinéma bis, notamment avec Vampires, et au vu de l’accueil critique du film. Il est vrai, il faut l’avouer, que si on n’a jamais vu de Carpenter avant, et s’il n’était pas estampillé Carpenter, on peut vite se prendre la tête à deux mains. Disons-le tout de suite, Ghosts of Mars est plein de défauts. Mais il ne va pas s’agir, ici, de descendre le film et de dire que John Carpenter s’est totalement égaré, au contraire. En effet, il recèle bien des sources d’intérêt, et avec une connaissance de la filmographie de Carpenter, il s’intègre bien dans un ensemble cohérent, et se tient en partie.
Ici, Carpenter fait de nouveau appel à son genre de prédilection, le western, en créant une sorte de western spatial, suivant l’héritage, entre autres, de Outland, loin de la Terre, avec Sean Connery. L’aspect désolé et désertique de Mars, en plus d’être orangée, rappelle naturellement les décors des westerns, mais l’influence est également présente au niveau de l’intrigue et du scénario. Et ce qui est intéressant, c’est de voir à quel point Ghosts of Mars semble se présenter comme étant un condensé de la filmographie du cinéaste, où il semble s’auto-référencer à diverses reprises. L’alliance flics/truands d’Assaut, le huis clos de The Thing, le virus psychique de Prince of Darkness, le brouillard de The Fog, la malédiction du Village des Damnés, les monstres de Vampires… Il invoque ici toutes les chimères qui le hantent et les composantes principales de sa filmographie. Ainsi, Ghosts of Mars, malgré son allure de production bis assez fauchée, est en réalité composé de différentes strates issue du cinéma de Carpenter, et où le cinéaste, libre de ses mains, opte pour un style assumé, privilégiant le fond à la forme.
Par ailleurs, Carpenter a toujours eu une certaine propension à ancrer ses films dans l’actualité, ce qui est d’ailleurs visible dans Ghosts of Mars, encore une fois. A l’orée d’un XXIe siècle où la conquête de Mars semble devenir une des principales lubies de l’Homme, Carpenter continue d’explorer sa vision d’une humanité éternellement confrontée à son côté sauvage naturel, et à mettre en garde contre les dangers de l’inconnu. Une réflexion qui s’appuie sur la forte présence du western dans le film, genre permettant de confronter l’Homme à ses origines dans un environnement sauvage et hostile, et de ce mal latent qui vient rappeler à l’Homme qu’il a des limites qu’il ne peut ou ne doit franchir. On peut aussi voir cette contamination généralisée comme un retour à zéro, le retour au chaos dans un nouveau monde encore sans ordre ni loi, où les lois de la Terre sont caduques autant que la planète bleue est lointaine.
C’est là que Ghost of Mars, à défaut d’être un grand film, se présente comme un film intéressant à analyser. Il souffre d’un casting assez bancal et d’une intrigue pas toujours bien rythmée, mais il se base surtout sur un scénario vraiment digne d’intérêt. Le souci étant que Carpenter semble être vraiment en roue libre, et que cela a tendance à porter préjudice à son scénario, ce qui était moins choquant dans Vampires. Je comprends les personnes qui peuvent y voir un nanar, mais c’est un bien un film estampillé John Carpenter, qui parle ici de ses propres fantômes. Ghosts of Mars est un film qui a beaucoup de défauts, loin des chefs d’oeuvre du grand cinéaste, mais qui a le mérite d’exposer des choses intéressantes et de continuer à laisser le cinéaste s’exprimer sur la manière dont notre humanité avance (ou recule) avec le temps.
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Créée
le 15 nov. 2018
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