À croire qu'Eric Bress s'était lui-même perdu dans les méandres du temps de son "Effet Papillon" car cela faisait maintenant dix-sept ans qu'il n'avait pas réalisé un nouveau long-métrage (il a seulement écrit le scénario de "Destination Finale 4" entre-temps au cinéma). C'est désormais chose réparée avec ce "Ghosts of War" qui ose le mélange toujours sympathique entre le film d'épouvante et le film de guerre en invitant une escouade de militaires américains dans un manoir hanté en pleine campagne française. Entre la menace de spectres et de soldats nazis, les héros incarnés par plein de têtes connues de séries TV (Brenton Thwaites et Alan Ritchson de "Titans", Theo Rossi de "Sons of Anarchy", Skylar Astin de "Zoey's Extraordinary Playlist") vont forcément vivre un séjour mouvementé...
Pendant la première heure, on ne peut pas dire pas dire que "Ghosts of War" fasse dans la grande originalité avec la découverte des lieux par ses personnages archétypaux au possible de soldats. L'ambiance issue de son caractère hybride a beau fonctionner -on se prend réellement au jeu en explorant la bâtisse aux côtés de ces malheureux- elle ne se concrétise hélas que dans les effets les plus éculés pour faire vivre le surnaturel à l'image. Le manque d'idées neuves à proposer en matière de frissons devient même un vrai problème sur la durée, le film s'enlise de plus en plus dans les tranchées de la banalité et met en relief ses défauts de petite production que l'on avait choisi (peut-être sciemment) d'ignorer jusqu'ici, séduit par son atmosphère efficace de maison hantée.
Mais "Ghosts of War" a une surprise de taille dans son paquetage ! Des allusions sur la promesse de quelque chose de plus se faisaient déjà remarquer ici et là mais rien ne nous avait préparé à l'énormité du twist que le film propose dans sa dernière demi-heure ! L'idée, assez folle, a le mérite de vraiment surprendre et redonne même un incontestable coup de fouet à l'ensemble (autant sur l'aspect surnaturel que sur notre vision des personnages), cependant, au lieu d'essayer de rendre un minimum vraisemblable le concept complètement absurde sur laquelle elle se fonde pour le sort de ces soldats en lui-même (le tout paraît d'ailleurs volontairement expédié dans le but d'éviter que l'on y réfléchisse trop), le film préfère miser sur le détail de nombreuses connexions secondaires, conséquentes à celui-ci, afin de faire illusion sur la viabilité de son retournement de situation. La parade fera son effet ou non selon la crédulité du spectateur mais "Ghosts of War" donnera tout de même l'impression d'un long-métrage dont l'exécution n'aura clairement pas été à la hauteur de son ambition, bricolant hasardeusement son rebondissement majeur là où ils auraient fallu des mains expertes (et sans doute plus roublardes) pour véritablement le rôder et ainsi impressionner.
Au bout du compte, malgré d'indéniables intentions qui trahissent une envie de tout faire pour s'en démarquer, "Ghosts of War" se cantonne tout de même au caractère oubliable d'une petite série B d'épouvante de fin de soirée. Espérons désormais que cette deuxième réalisation engendre un effet papillon bénéfique sur la carrière d'Eric Bress...