Les vieux sont pas des flèches

Haha, sacrément comique ce film, pas étonnant que Lambert ait du mal à reconstruire sa carrière ces dernières années.

N'empêche que ce film montre une vision assez triste des vieux, comme s'ils ne pouvaient pas s'amuser une fois mis en maison de retraite ; d'ailleurs la romance de Heston se résumera en quelques petits bisous innocents... faut dire qu'encore aujourd'hui on accepte assez difficilement que les vieux puissent avoir une vie sexuelle... si les gens regardaient un peu plus de porno, ils verraient que pour certains 'vieux' et 'vieilles', tirer son coup et prendre son pied ne sont pas des expressions obsolètes et que le plaisir n'est pas uniquement lié à l'orgasme. Au fond, cette vision simpliste des seniors rappelle celle des SDF qu'on imagine le plus souvent tristes ou bourrés ; et bien non, les clochards s'éclatent aussi entre eux et si on oublie leur statut social, ils peuvent passer un moment normalement avec les autres. Pareil pour les condamnés dans les prisons, on s'imagine le plus souvent que ce sont des gens juste méchants juste sombres, incapable d'empathie pour qui que ce soit, incapable d'avoir un hobbie normal ni de s'amuser correctement (pour beaucoup, un pédophile pense en permanence et uniquement à des jeunes garçons prenant des douches). C'est un peu triste. Mais bon, pour ce qui est du film, cette vision permet de se marrer un peu.

Parce que bon, niveau scénario, c'est pas terrible. Les conflits ne sont jamais très graves, d'ailleurs ils sont résolus en deux scènes en général. En plus les vieux, ils sont vraiment pas très intelligents : ils sont incapables de remarquer que le jeunot qui habite avec eux est attardé, même le black de service s'en apercevra pourtant ! En même temps, c'est plus dû à un problème d'écriture qu'à unje véritable incohérence narrative : les auteurs ont voulu jouer sur les quiproquos, un peu comme dans "Being there", sauf que dans ce film avec Peter Sellers les situatoins et les dialogues étaient suffisamment bien pensés pour accepter de croire à cette méprise de la part des gens normaux. Ici, c'est tellement bateau, tellement peu inspiré, tellement peu subtil qu'on ne comprend pas que ces vieux séniles ne comprennent pas. Les personnages ne sont pas inintéressants, même quand ils sont caricaturaux, c'est leur exploitation qui liasse à désirer. Au final, c'est le vieux philosophe qui s'en tire le mieux.

Faut dire aussi qu'il est incarné, contre toute attente, par le grand Charlton et que Charlton, il est toujours à fond dans ses rôles ! Bon, sa barbe cache un peu son jeu théâtral, n'empêche qu'il fait passer beaucoup de choses dans ses yeux. Et puis en face il y a ce bon vieux Lambert avec la tête idéale pour le rôle. Son jeu est... particulier... soit il fait trop idiot soit pas assez, il ne parvient jamais à être juste. Je ne sais pas si c'est sa faut ou celle de la réalisatrice, ceci dit, car la mise en scène est globalement assez cheap. Le découpage fonctionne, on a un décor, des figurants, des accessoires... mais il manque quelque chose, tout paraît trop peu, les docteurs ne sont pas crédibles, on n e voit pas grand chose de cette maison de retraite...

Et puis on rigole. On rigole parce que le scénario est un peu idiot. On rigole parce que la mise en scène n'est jamais subtile. On rigole parce que Lambert. On rigole parce que Heston. On rigole parce que ces deux zouaves dans un même film, c'est magique, qu'ils ne jouent pas du tout de la même façon, que le premier devait sans doute vivre un rêve de gosse à jouer aux côtés de ce monstre sacré du cinéma reconverti en philosophe de comptoir. On ne rigole pas assez tout de même parce que ce n'est jamais assez délirant, jamais assez maladroit pour pouvoir se frapper la cuisse.

Bref, Gideon fait rire par ses nombreuses maladresses mais n'est pas non plus une perle en tant que nanar.