Eh bien non, Arnie ne descendra pas, mais peut-être bien que Gilbert s’élèvera ?
Ce film m'a laissée complètement perplexe, émue mais essayant de ne pas l'être parce qu'il est efficace tout en ayant quelques défauts.
En effet, on peut trouver assez lente la mise en place du contexte, mais à la fois cela nous permet d'apprendre au fur et à mesure ce qui est arrivé à cette famille au fil du temps. L'aspect très enclavé dans le petit village presque sans vie peut lasser, cependant il est nécessaire pour comprendre le poids qui pèse sur Gilbert et puis, finalement, il n'est pas si triste ce village.
Les dialogues peuvent paraître vides, creux, alors qu'en fait les silences en disent plus long que les mots. Tout est dans le non-dit.
Le dilemme entre l'opportunité du départ qui s'offre à Gilbert et son obligation morale de rester pour s'occuper de son frère autiste, Arnie, ainsi que l'affection qu'il lui porte, est très bien représenté.
Différents enjeux sont mis en évidence : l'obésité morbide de la mère - qui ne peut donc s'occuper elle-même de son fils - due au suicide du père et au départ du grand frère et qui a pour conséquence d'attirer le ridicule sur elle ; l'ensemble de la famille essaie jusqu'au dernier moment de lui rendre le mérite, la dignité qui lui sont dus, les sœurs présentes mais trop occupées à la maison et n'ayant pas un lien assez fort avec Arnie pour maîtriser ses crises, et enfin Gilbert, le grand frère attentionné, toujours présent pour tous, qui s'oublie mais finit par craquer.
Tout cela crée une atmosphère malsaine au départ, bien qu'Arnie, qui pourrait paraître être un poids pour la famille et particulièrement pour Gilbert qui s'en occupe, soit toujours là pour glisser un brin de légèreté, pour dédramatiser :
Tu veux venir à ma fête demain ? Demain j'vais avoir 18 ans ! Tu vas venir demain ? Toi aussi, tu peux v'nir, j'te connais pas mais... Viens quand même !
C'est ainsi qu'avec l'arrivée imprévue de Becky dans sa vie et l’enthousiasme intarissable de son cher frére, Gilbert va enfin réfléchir à ce qu'il désire réellement et sauter le pas.
Le contraste entre Arnie, bavard, inépuisable et Gilbert, silencieux, trop sérieux, parfois légèrement cynique va se dissiper au cours de l'intrigue pour renforcer le lien déjà étroit qu'ils partagent, tout en les amenant à devenir eux-mêmes.