Dès le départ, Laggies, le dernier film de Lynn Shelton, partait avec un point d’avance dans la mesure où Kaitlyn Dever y joue un rôle important. Quand on caste Kaitlyn Dever, c’est qu’on bosse bien.
Il se trouve que Laggies est un vrai bon film en lieu et place d’une comédie romantique qui suit clairement tous les lieux communs du genre. Car oui, le film de Lynn Shelton n’est pas forcément très original dans son histoire et son développement. Mais ce qu’il manque en originalité, il le gagne en réalisme. Ce que réussit parfaitement le scénario d’Andrea Seigel, ce sont les interactions entre les personnages, plus vraies que nature. Cette précision extrêmement efficace sur les relations humaines permet au spectateur de s’identifier avec Keira Knightley, qui se sort particulièrement bien d’un rôle assez casse-gueule. Le reste des personnages est tout aussi bien troussé : Sam Rockwell est monstrueusement bon en père avocat un peu dépassé, Chloë Moretz en adolescente qui se retrouve au milieu d’une affaire improbable, Ellie Kemper en amie devenue adulte et qui a d’autres plans dans sa vie, Mark Webber en amoureux transi un peu flippant et surtout Jeff Garlin dans un rôle assez proche de ce qu’il tient dans The Goldbergs. Le message du film est en lui-même assez pessimiste puisqu’il demande de faire table rase du passé avant que ce passé ne fasse table rase de vous-même. Pourtant, Lynn Shelton parvient à ne jamais tomber dans le drame et à rester dans la bonne humeur.
Bien plus profond et plus intelligent qu’il n’y paraît à première vue, Laggies est un film franchement très réussi et surtout particulièrement mal vendu en France. C’est réellement dommage.