Alors, on va prévenir tout de suite, il s’agit d’un des films de psychopathes les plus glauques qu’il m’ait été possible de voir. Si la version non censurée de Seed est introuvable (et qu’elle risque de le rester encore un bon bout de temps), on est ici au niveau d’un Maniac, ou d’un Henry portrait d’un serial killer. Toutefois, à l’inverse de ses glorieux modèles, Murder set pieces délaisse complètement la psychologie (au point de se réfugier dans un prétexte quasi nanar pour l’explication des origines du phénomène : un grand père nazi). Il ne s’y intéresse tout simplement pas, puisque c’est l’ambiance qu’il vise. Et à ce jeu, le film a réussi à marquer un très grand coup. C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle j’ai aimé le film. Alternant les ambiances des différentes mises à mort (aucune n’est pareille, la plupart sont muettes, cherchant dans les éclairages et l’accompagnement musical des images un impact que rares ont réussi à trouver). Et la surenchère de violence pendant les scènes de tortures de femmes… C’est en cela que le film se révèle être la meilleure adaptation de American Psycho, les sévices infligés ici sont tout à fait dans l’univers de Patrick Bateman. Le psychopathe en partage d’ailleurs le cynisme, hurlant ses imprécations en allemand pendant les séquences à l’impact étourdissant. Murder Set Pieces est répertorié comme un slasher extrême, mais il n’en a pas le caractère « bon enfant » habituellement apprécié. Il ne suit pas de codes, il n’est pas là pour divertir avec quelques arguments commerciaux à base de violence modeste. Ces arguments sont dynamités par sa soif de violence et d’extrême, tout en conservant les obsessions fétichistes du slasher (le psychopathe est icônique) et son catalogue de mises à mort. Mais la surenchère est poussée tellement loin (dans les sévices, mais aussi dans la psychologie) que le spectateur est littéralement frappé de plein fouet. C’est le choc du retour à l’exploitation viscérale, inattendu et barbare. Moralement, c’est insupportable (rien que la scène, relativement peu démonstrative, où le tueur tient entre ses mains ensanglantées un gamin de 2 ans qui hurlent à la mort, mis en face du cadavre éventré de sa mère, c’est un point de rupture mentale). Mais le film a réussi à passer le cap de l’inadmissible avec une ambiance curieusement très cinéphile, et une esthétique forte. Les hallucinations oniriques sont un régal pour les yeux (elles jouent elles aussi la carte de l’exploitation), les éclairages dignes d’un Eventreur de New York. Et quand le film ne prend même plus la peine d’épargner les enfants, l’horreur achève de consumer les dernières illusions de sympathie. On n’aime pas Murder set Pieces, il va trop loin. Mais il emmène avec lui le Slasher dans des terrains si intenses, si éloignés des commandes habituelles qu’il en devient une référence moderne. Sans la psychologie, il manque toutefois d’atouts pour convaincre les moralistes frileux (et ce n’est pas son scénario bateau qui va faire mieux). Mais son sérieux, radical, et sa rage impitoyable dans le gore craspec frappent fort, et juste. Inacceptable réussite.